Construit en 1955.
Inscrit à Douarnenez en 1956
Naufrage :
Perdu corps et biens le 16/09/1969, avec 7 hommes :
Extrait du mémoire de Jean Paugam "Les Saints Bernard des Mers - L'assistance aux thoniers et à leurs équipages". Ce document complet est disponible dans les Archives de Bagoucoz/Biographies et livres de mer.
Rapport de mer sur les recherches du Thonier OCÉANIDE DZ 3922
Je soussigné, Tonnerre Jean, patron du chalutier LUDOVIC PIERRE, de l’armement des Pêcheries de Cornouaille, déclare ce qui suit :
Parti de LORIENT, le lundi 8 septembre 1969 à 18h30 pour une mission d’assistance à la flottille thonière.
Le mercredi 17 à 14h00, étant à réparer le APPEL DU DESTIN, par 48°30’ N et 16°00’ W, je reçois un appel radio du SAN GUÉNOLÉ qui me signale que depuis 24 heures, personne n’a entendu ni vu L’OCÉANIDE de DOUARNENEZ.
Le 16 septembre à 14h00, ce bateau était par 49°40’ N - 15°30’ W à 16°00’ W. Il avait mis à la cape comme tous les bateaux car dans cette région il y avait du gros temps de NW avec des vents de 40 à 50 nœuds et même d’avantage dans les rafales.
Après avoir eu ces indications, je demande au SAN GUÉNOLÉ une description du bateau (coque bleue, bastingage crème, 2 voiles marconi, longueur environ 16 à 17 mètres) puis sur toutes les fréquences de travail des différents ports, je fais demander si quelqu’un a vu ou entendu l’OCÉANIDE. Personne n’ayant de nouvelles du bateau, je décide d’appeler le C.R.O.S.S.A. par l’intermédiaire de Saint Lys Radio en ondes courtes, afin de ne pas alarmer les familles pouvant être à l’écoute du Conquet Radio.
A 14h30, je rentre en liaison téléphonique avec Monsieur l’Administrateur en Chef du C.R.O.S.S.A.. Je lui explique la situation, donne la description du bateau et demande si c’est possible d’organiser des recherches.
Dans la journée, nous avons vu plusieurs bateaux de guerre dont un porte-avions. Quelques thoniers ont aperçu des avions. Je signale à Monsieur l’Administrateur cette présence, sans pouvoir lui indiquer le nom des navires.
Pour faciliter l’identification de ces bateaux de guerre, nous demandons aux thoniers de nous fournir des renseignements sur le nom et numéro des navires.
A 15h15, par le Conquet Radio, je préviens le C.R.O.S.S.A. que le porte-avions est N° 10 et les deux escorteurs 933 et 689.
Pendant ce temps, les thoniers, qui se trouvent dans la région 49°40’ N - 15°30’ W à 16°00’ W, zone dans laquelle a été aperçu l’OCÉANIDE pour la dernière fois, effectuent des recherches en gagnant S.E., car la mer est très grosse, avec des vents de N.W. de 30 à 40 nœuds.
A 17h40, nous recevons de Saint-Lys radio et le Conquet le message suivant : ‘’ Prévenir la flottille thonière de hisser à bloc la flamme du code pour faciliter les recherches aériennes jusqu’à demain soir ‘’. Les autorités de l’O.T.A.N., prévenues par Marine BREST, pourront entreprendre des recherches. Quatre porte-avions de l’U.S. Navy se trouvent dans la région.
Ce message est transmis aussitôt aux thoniers en insistant sur l’obligation de hisser la flamme de code à bloc.
Pendant que nous effectuons les réparations sur l’APPEL DU DESTIN, nous sommes survolés plusieurs fois par des avions et un hélicoptère des forces de l’O.T.A.N.
A 19h15, les travaux terminés, nous gagnons Nord à vitesse réduite, tout en effectuant des recherches. Les vents sont N.W. de 40 à 50 nœuds, la mer est grosse. A 23h15, Le Conquet radio nous appelle sur 137 mètres. Il se met en communication avec Monsieur l’Administrateur du C.R.O.S.S.A. qui me signale que demain un avion ‘’ Bréguet Atlantique ‘’ fera des recherches dans le secteur 49°00’ N à 50°00’ N et 15°00’ W à 16°00’ W.
Toute la nuit nous continuons notre route vers le Nord.
Le jeudi 18 septembre à 07h00, nous sommes par 49°10’ N, 16°10’ W. Les vents sont NW de 30 à 40 nœuds la mer très grosse, la visibilité bonne. Nous faisons la route Nord en suivant la longitude 16°00’ W.
De 07h45 à 08h10, nous prévenons les thoniers sur toutes les fréquences, du survol par ‘’ Bréguet Atlantic ‘’, de la zone 49°00’ N à 50°00’ N et 15°00’ W à 16°30’ W, de hisser à bloc la flamme du code et de faire une veille sur 2182 kilocycles.
A 09h15, le Conquet Radio nous passe un message chiffré destiné aux Douarnenistes. A 09h20, sur 135 mètres, nous le passons au SAN GUÉNOLÉ.
A 10h30, nous sommes par 49°40’ N, 16°00’ W. Nous faisons alors un peu de route au 90 vrai.
A 10h50, le Conquet Radio nous fait part du départ de l’avion. A 11h15, nous faisons route au 140 vrai.
A 13h35, contact radio avec l’avion qui est par 49°10’ N - 16°10’ W. A 13h45, nous apercevons l’avion ainsi qu’à 15h00.
A 16h00, communication radio avec le C.R.O.S.S.A. pour demander de faire des recherches plus Sud que 49°00’ N.
A 16h20, nous prévenons l’avion que nous poussons un peu plus au Sud.
A 18h50, nous sommes survolés par l’avion par 48°35’ N, 14°37’ W. Il nous signale qu’il a aperçu des planches et débris jaunes, gris, rouges par 49°34’ N, 15°00’ W et 15°30 W. Nous sommes trop loin pour aller à cette position avant la nuit, nous prévenons les bateaux de faire une veille attentive dans cette région. Plusieurs bateaux du GUILVINEC envisagent de se rendre demain vers cette position.
A 19h40, l’avion signale qu’il rentre à sa base et qu’il n’a rien trouvé depuis 18h50. A 21h00, nous mettons le cap au 330 vrai, vitesse 4 nœuds. Toute la nuit nous continuons à ce cap et à cette allure.
VENDREDI 19 SEPTEMBRE
A 07h00, nous sommes par 48°30’ N - 15°00’ W. Les vents sont Nord, la mer belle. Nous faisons route au 270 vrai pour arriver à 11h00 par 48°40’ N - 16°10’ W, puis nous faisons deux heures au sud. A 11h50 nous croisons le thonier TANTE CORENTINE. A 13h00, nous mettons le cap au 90 vrai.
A 13h35, appel sur 135 mètres du ‘’ Bréguet Atlantic ‘’ qui signale qu’il va prospecter la zone de 47°30’ N à 49°00’ N et 14°30’ W à 16°00’ W.
A 15h30, l’avion signale qu’il a aperçu un objet sur l’eau à 66 milles dans le 74 vrai de nous. Le NÉNUPHAR, thonier des SABLES d’OLONNE étant dans cette direction, nous lui disons de se mettre en contact avec l’avion qui possède la fréquence de pêche de 127 mètres. Aussitôt l’avion et le NÉNUPHAR rentrent en liaison radio. Le NÉNUPHAR récupère plusieurs objets sur l’eau par 48°30’ N - 14°30’ W, mais sans intérêt car ces objets ont séjournés un certain temps dans l’eau.
A 18h10, l’avion nous signale qu’il poursuit ses recherches. Nous sommes alors par 48°20’ N et 15°05’ W, route au 90 vrai.
A 18h35, le MACAREUX nous signale qu’il est par 49°40’ N et 16°00’ W avec 15 bateaux du GUILVINEC, mais ils n’ont rien vu dans la région.
A 18h50, l’avion nous signale qu’il a terminé sa mission et que les résultats sont négatifs. Il cesse la veille 137 m. et rentre à sa base.
A 19h00, nous venons au CV 320. A 21h00, nous réglons la vitesse à 6 nœuds. Nous nous dirigeons vers la position 49°40’ N et 16°10’ W.
SAMEDI 20 SEPTEMBRE
A 07h30, nous recevons un message du Conquet Radio, émanant du C.R.O.S.S.A. ‘’ Un thonier a-t-il identifié les débris repérés par l’avion à la position 49°32’ N, 15°00’ W et 15°30’ W ? ‘’.
A 08h50, je rentre en communication avec le C.R.O.S.S.A. pour signaler que les bateaux n’ont rien trouvé. Je demande à Monsieur l’Administrateur s’il faut poursuivre les recherches ou reprendre notre travail d’assistance. Les recherches aériennes étant terminées, nous reprenons notre travail, tout en effectuant une veille dans le secteur.
Pendant ces recherches qui ont duré du mercredi 17 septembre 14h00 au samedi 20 septembre 10h00, nous avons parcouru 420 milles dans le secteur 48°20’ N à 48°40’ N et 14°30’ W et 16°10’ W sans rien découvrir.
Tel est mon rapport que je certifie sincère et véritable, me réservant le droit de l’amplifier si besoin est.
Fait à bord du LUDOVIC - PIERRE le 20 septembre 1969.
Jean Tonnerre