PIEUSE PAYSANNE - DZ2016

Immatriculation
DZ2016
Type de bateau
Date d'inscription DZ
1913
Date fin DZ
1931
Durée
Ce bateau a été inscrit à Douarnenez pendant 18 années.
Type de propulsion
Longueur
12.44 mètres
Tonnage
16.54 tonneaux
Lieu de Construction
Patron(s)
NER Eugène, BIZIEN Louis, Ner Eugène, GLOAGUEN François, NER Eugène
Notes
LlHJ : 12.44 - 4.12 - 1.76 - 16.54

Attaqué par un sous-marin allemand pendant la première guerre mondiale.

Liste d’équipage :


Témoignage du patron Eugène Ner :
« Pieuse-Paysanne, n° 2.016. PATRON EUGÈNE NER, Partis du port de Douarnenez le 2 juillet 1918, pour faire la pêche aux maquereaux au large d'Ouessant, et arrivés à 16 milles au nord-ouest de l’île, nous attendîmes la nuit pour jeter les filets à l’eau. A l’aurore du 3, nous allâmes les retirer, mais vu le peu de poisson que nous avions pêché cette nuit, nous nous décidâmes d’attendre la nuit suivante pour refaire une autre pêche.
Sur quatre bateaux que nous étions, deux avaient décidé de rester sur place ; deux autres, jugeant que leur pêche était suffisante, rentrèrent.
A un moment donné, nous nous rapprochâmes du bateau qui était demeuré avec nous, le n° 2.139, patron Nicolas Belbéoc'h. Nous nous trouvions donc assez près l’un de l’autre.
Vers quatre heures de l’après-midi, un obus siffla dans l’air et vint tomber tout près du bateau de Nicolas. Nul doute que ce ne fût un sous-marin boche qui nous tirait dessus : neuf ou dix obus éclatèrent en un rien de temps, toujours dans la direction de Nicolas.
Alors, moi, patron Eugène Ner, je donnai l’ordre de hisser les voiles ; mais à peine l’avions-nous fait qu’il fallut les redescendre, car le tir était maintenant dirigé contre nous, et un obus venait d’éclater tout près du bateau. Voyant que le tir continuait, l’équipage se mit debout sur le pont, levant les bras en l’air pour faire comprendre au commandant du sous-marin que nous voulions nous rendre. Mais rien n’y fit ; les obus tombaient toujours. L’un d’eux enleva une partie du gouvernail ; les mâts, les voiles et la coque étaient déjà criblés d’éclats, et deux hommes de l’autre équipage blessés, le patron et un marin nommé Fléchant. C’est alors que, perdant tout espoir et attendant d’un moment à l’autre l’obus qui nous aurait englouti dans les flots, je criai à mon équipage ces quelques mots, qui furent pour nous tous le salut : " Il ne nous reste plus qu’un seul espoir, c’est de promettre à sainte Anne que nous irons tous à pied, et avec nos familles, à Sainte-Anne-la-Palud, si nous pouvons rejoindre la terre ".
L’équipage approuva d’une seule voix, et à peine était-ce fait que le sous-marin cessait son tir et se dirigeait sur le bateau de Nicolas pour constater les dégâts. Il accosta la barque ; deux membres de l’équipage avaient été tués ; les autres s’étaient couchés et faisaient les morts. Ne voyant personne remuer, le sous-marin prit le large.
De notre côté, le tir cessé, nous nous mîmes à réparer le plus nécessaire de nos avaries, tout en ayant soin de ne pas perdre le sous-marin de vue. Peu de temps après, l’ennemi ayant disparu, nous hissâmes les voiles, et, nous étant assurés que le bateau de Nicolas Belbéoc'h nous suivait, nous nous dirigeâmes sur le port de Douarnenez. E. NER ».
Texte complet.

Rapport de l’officier enquêteur :
Le 2 Juillet 1918, ces deux navires sont sur les lieux de pêche à 18 milles de la côte, dans le NW d’Ouessant.
Mer belle. Petite brise de nord. Visibilité excellente.

Un périscope est soudain aperçu, tout proche de 2139. Il fait le tour du bateau et, 20 minutes plus tard, le sous-marin (U 105 du KL Friedrich STRACKERJAN) émerge et ouvre le feu d’une distance de 200 à 300 m sans aucun avertissement et sans aucune sommation. Les hommes lèvent aussitôt les mains en l’air pour montrer qu’ils se rendent. Mais le tir continue posément, au rythme d’un coup toutes les deux minutes environ. Le matelot Raymond Bonizec est sectionné en deux et une masse de chair sanglante est projetée à la face d’un de ses camarades. Les hommes se couchent alors dans le fond du bateau pour tenter de se protéger. Le patron Belbeoch reçoit un éclat à la tête. Il rendra le dernier soupir vers 20h00. Un autre marin est blessé.
En tout, une quinzaine d’obus sont tirés sur 2139 qui est criblé d’éclats.

Assistant avec terreur à cette attaque qui dure presque une demi-heure, 2016 tente de fuir. Le sous-marin se retourne alors contre lui et tire une douzaine d’obus. Chose étrange, contrairement à 2139, aucun obus ne le touche directement, mais il est criblé d’éclats. Toutefois, aucun homme n’est blessé.

Puis le sous-marin revient ranger 2139. Il doit se rendre compte de son forfait puisque le corps du matelot gisait sur le pont couvert de sang. Il s’éloigne alors à toute vitesse vers le NW.

Les deux bateaux rentrent par leurs propres moyens à Douarnenez.

Aucun prétexte militaire ne peut être invoqué pour justifier cette agression d’une unité de guerre contre des pêcheurs complètement inoffensifs. Cette attaque dépasse en sauvagerie et en horreur toutes celles menées jusqu’à présent par les sous-marins ennemis.

Les obsèques des victimes auront lieu aujourd’hui et la Marine y sera représentée par une délégation amenée par torpilleur à Douarnenez.

Forum 14-18, réponse de Gastolli :
In Lloyds War Losses there are 2 french sailing vessels No. 2139 and No. 2016 du Douarnenez listed as damaged by submarine.
In Thierry Le Roy "La Guerre Sous-Marine en Bretagne 1914 - 1918", in the list of vessels sunk at the end of the book, he has:
Fin juin: - Un pécheur de Douarnenez. 5 NM des tas de pois (Camaret), 2 morts.
Well, this submarine was U 105 (Kptlt. Friedrich Strackerjan), who on 02.07.1918 reported:
13.00h approached 2 small sailing vessels, also one airship in sight to the North
15.00h surfaced, immediately saw an fast approaching enemy periscope, fired his deck guns against this periscope and also "disabled" the two sailing vessels
So, these 2 french vessels were not sunk but damaged, but also there are 2 men dead on one of these vessels.

Désarmé en 1931