Immatriculation
DZ2713
Type de bateau
Date d'inscription DZ
1925
Date fin DZ
1940
Durée
Ce bateau a été inscrit à Douarnenez pendant 15 années.
Longueur
12.21 mètres
Tonnage
3.27 tonneaux
Lieu de Construction
Patron(s)
LE LÉON François, BERLIVET Joseph (dit Lokorn)
Notes
LlHJ : 12.21 - 3.28 - 1.24 - 3.27
La première pinasse sardinière de Douarnenez.
Dans le cadre de la lutte contre les bélugas, Joseph Berlivet, patron de l'Antinéa, fut doté, en 1931, d'un fusil Gras.
Bateau désarmé en 1940.
Remarqué par Jacques Join, un extrait de Aux jardins enchantés de Cornouaille, de François Ménez (Librairie Plon, Paris, 8ème édition, année 1927) :
... Il me souvient d'avoir pris part à une pêche à la sardine, au large de la pointe de Penhir, par une belle nuit de l'Assomption, dans la barque d'un Douarneniste que l'on m'avait représenté comme le plus fougueux des révolutionnaires de l'endroit. Nous avions doublé le môle, passé minuit, pour gagner les lieux de pêche et y attendre les premières rougeurs de l'aube avant de jeter les filets.
Nous filions grand largue sous le vent de terre, entre les feux conjugués du Millier et du Kador. De toutes parts, autour de nous, des barques se pressaient, par centaines. Quelques-unes, de loin en loin, pour éviter les abordages, balançaient un fanal à leur mâture, comme une étoile mouvante. Mais la plupart glissaient, tous feux éteints, sur la mer tranquille ; nous les distinguions tout près de nous, comme des vaisseaux fantômes, au craquement de leurs cordages et au bruit doux de leur étrave fendant l'eau. Il faisait assez froid, comme nous approchions de l'Iroise, après avoir doublé le cap de la Chèvre, et nous nous étions enveloppés dans de grandes capes grises, qui nous donnaient l'aspect de rois mages, en route, par une admirable nuit, vers quelque Bethléem de la mer.
Les hommes dormaient, en attendant le jour, et je me trouvais seul avec le patron qui tenait la barre.Nous causions, pour passer les heures. Il me parlait de la guerre, qui avait été rude : trois années complètes, sur un transport, dans l'enfer des soutes, sous la menace constante des torpilles et des mines. Il le disait sans rancune, sans aigreur et sans accuser personne. Il avait fait son devoir, ni plus ni moins, comme les autres. Maintenant, il n'avait pas à se plaindre ; le poisson donnait ; il trouvait la vie bonne.
Il ne se plaignait que de l'usinier trop distant et trop étranger, selon lui, à la souffrance du pêcheur. Cette raison seule l'avait amené au parti rouge, mais il ne savait que d'une façon vague ce qu'il désirait.
Ce qu'il appréciait chez le maire communiste, c'était sa familiarité, sa faconde, sa poignée de main large et facile. Il lui plaisait qu'il parlât en sa langue rude et qu'il acceptât de trinquer, sans façon, à certains jours, sur le comptoir poisseux des buvettes du port. Mais la popularité très réelle dont il jouissait, on la sentait fragile, instable, comme toutes les choses de la mer, à la merci d'un remous, d'une lame imprévue accourue des profondeurs de l'Iroise et qui, en moins d'une heure, pouvait tout balayer.
D'être communiste n'empêchait d'ailleurs point notre homme de remplir ponctueusement tous les devoirs de sa religion. Il ne manquait pas d'accomplir, à chaque mois de septembre, le pèlerinage de Saint-Anne de la Palue ni de suivre tous les sept ans la grande Troménie. Il croyait en la vertu des morts qui signalent les bancs de poissons et protègent de la tempête. Il croyait bien avoir aperçu quelque nuit, sans qu'il pût nettement l'affirmer, Notre-Dame de Rocamadour marchant sur la crête des flots...
Il se pouvait qu'à terre et dans la foule, le pêcheur qui me parlait ainsi fût plus enragé que tous les autres, mais à le voir en sa barque, le poing rivé à la barre et si paisible, on l'eût pris pour le plus doux et le plus résigné des hommes. Et il y avait, dans le port de Douarnenez, trois mille pêcheurs, comme lui communistes, et qui lui ressemblaient en tout point, comme des frères .
La première pinasse sardinière de Douarnenez.
Dans le cadre de la lutte contre les bélugas, Joseph Berlivet, patron de l'Antinéa, fut doté, en 1931, d'un fusil Gras.
Bateau désarmé en 1940.
Remarqué par Jacques Join, un extrait de Aux jardins enchantés de Cornouaille, de François Ménez (Librairie Plon, Paris, 8ème édition, année 1927) :
... Il me souvient d'avoir pris part à une pêche à la sardine, au large de la pointe de Penhir, par une belle nuit de l'Assomption, dans la barque d'un Douarneniste que l'on m'avait représenté comme le plus fougueux des révolutionnaires de l'endroit. Nous avions doublé le môle, passé minuit, pour gagner les lieux de pêche et y attendre les premières rougeurs de l'aube avant de jeter les filets.
Nous filions grand largue sous le vent de terre, entre les feux conjugués du Millier et du Kador. De toutes parts, autour de nous, des barques se pressaient, par centaines. Quelques-unes, de loin en loin, pour éviter les abordages, balançaient un fanal à leur mâture, comme une étoile mouvante. Mais la plupart glissaient, tous feux éteints, sur la mer tranquille ; nous les distinguions tout près de nous, comme des vaisseaux fantômes, au craquement de leurs cordages et au bruit doux de leur étrave fendant l'eau. Il faisait assez froid, comme nous approchions de l'Iroise, après avoir doublé le cap de la Chèvre, et nous nous étions enveloppés dans de grandes capes grises, qui nous donnaient l'aspect de rois mages, en route, par une admirable nuit, vers quelque Bethléem de la mer.
Les hommes dormaient, en attendant le jour, et je me trouvais seul avec le patron qui tenait la barre.Nous causions, pour passer les heures. Il me parlait de la guerre, qui avait été rude : trois années complètes, sur un transport, dans l'enfer des soutes, sous la menace constante des torpilles et des mines. Il le disait sans rancune, sans aigreur et sans accuser personne. Il avait fait son devoir, ni plus ni moins, comme les autres. Maintenant, il n'avait pas à se plaindre ; le poisson donnait ; il trouvait la vie bonne.
Il ne se plaignait que de l'usinier trop distant et trop étranger, selon lui, à la souffrance du pêcheur. Cette raison seule l'avait amené au parti rouge, mais il ne savait que d'une façon vague ce qu'il désirait.
Ce qu'il appréciait chez le maire communiste, c'était sa familiarité, sa faconde, sa poignée de main large et facile. Il lui plaisait qu'il parlât en sa langue rude et qu'il acceptât de trinquer, sans façon, à certains jours, sur le comptoir poisseux des buvettes du port. Mais la popularité très réelle dont il jouissait, on la sentait fragile, instable, comme toutes les choses de la mer, à la merci d'un remous, d'une lame imprévue accourue des profondeurs de l'Iroise et qui, en moins d'une heure, pouvait tout balayer.
D'être communiste n'empêchait d'ailleurs point notre homme de remplir ponctueusement tous les devoirs de sa religion. Il ne manquait pas d'accomplir, à chaque mois de septembre, le pèlerinage de Saint-Anne de la Palue ni de suivre tous les sept ans la grande Troménie. Il croyait en la vertu des morts qui signalent les bancs de poissons et protègent de la tempête. Il croyait bien avoir aperçu quelque nuit, sans qu'il pût nettement l'affirmer, Notre-Dame de Rocamadour marchant sur la crête des flots...
Il se pouvait qu'à terre et dans la foule, le pêcheur qui me parlait ainsi fût plus enragé que tous les autres, mais à le voir en sa barque, le poing rivé à la barre et si paisible, on l'eût pris pour le plus doux et le plus résigné des hommes. Et il y avait, dans le port de Douarnenez, trois mille pêcheurs, comme lui communistes, et qui lui ressemblaient en tout point, comme des frères .
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