Lexique

Texte

Accore : Marine, vieilli : contour d'un banc, d'un écueil. Géographie, géologie : côte escarpée, voire falaise, qui est bordée de fonds marins verticaux et très profonds. Rupture de pente dans le relief sous-marin : l'accore du plateau continental.

À koste : de "kostez", côté. Le bateau se met à koste d'un autre. À couple.

Andellou : "Séchoirs à filets". Échafaudage de perches en bois, verticales et horizontales, liées entre elles par le haut, pour sécher le linge ou les filets. Cette technique était utilisée en Andalousie (Espagne), d'où le nom.

Apostolode : de abostol, apôtre. Pluriel : abostoloded. En construction navale : la première paire de couples par l'avant du navire, souvent jointive à l'étrave. Permet de renforcer la tenue du bordé.

Apparaux : ensemble des objets formant l'équipement d'un navire.

Ariser : diminuer la surface d'une voile en y prenant un ou plusieurs ris, quand les conditions de mer et de vent forcissent.

Ar bag - Ar vag : le bateau, la chaloupe. Au pluriel, "bagoù". Bagou Coz ("kozh", vieux) : les vieux bateaux !

Argan'énède : de "argant", argent, et "ened", les Gras (le Carnaval). L'argent des Gras. Les bateaux, hivernant après la saison de la sardine, attendaient la fin des Gras pour reprendre la mer. Mais il fallait aux équipages, sans ressources depuis plusieurs mois, s'amuser pendant les cinq jours et nuits de fête. La tenancière de la buvette où ils effectuaient leurs "dépenses", banquière et confidente, avançait les sous voulus qu'ils remboursaient au retour de la première marée. C'était l'argan'énède. Une dette d'honneur. Si par malheur un naufrage survenait, l'argent avancé n'était pas réclamé aux familles des disparus en mer.

Arrimer : répartir la cargaison dans la cale d'un navire d'une façon qui assure et la bonne préservation des marchandises et la stabilité du navire.

À sko : de sko, échoué. On dit d’un bateau qu’il est à sko quand sa quille touche le fond et qu’il ne peut plus bouger.

Astenner - Atenner : de "astennan", tendre, étendre, allonger. Avant usage, il convenait d'étirer les cordes neuves des palangres. Les marins se mettaient à trois ou quatre, en bout, sous la corde fixée à un anneau le long du quai. Ils avançaient lentement, le buste en avant, jusqu'à ce que la corde, passée sur leurs épaules, arrive en limite d'élasticité. Elle était alors bien atennée.

À stribil - Distribil : de "istribilh", suspendu. Le filet bleu qui sèche sur les andellou est à stribil. Distribil pourrait venir de "distripa", ouvrir le ventre d'un poisson, l'éviscérer.

Aussière : gros cordage employé pour l'amarrage des navires et les manœuvres de force.

Avel c'houziz : vent de terre (se prononce "aël gouzi" vers 1960 à Tréboul). Quand on est à Poul Charlot c'est le vent qui vient de Sainte Anne. Direction de vent peu favorable à la pêche. (Jean-Claude Bourdon - Philippe Cloarec).

Bâbord : côté gauche d'un navire, en regardant vers l'avant.

Bao : l’hiver, un pêcheur a les mains bao, lorsqu’elles sont engourdies par le froid.

Barrot : poutre transversale supportant le pont.

Bau : traverse qui maintient l'écartement des murailles et soutient les bordages. La longeur du maître-bau, la plus grande de ces traverses, correspond à la plus grande largeur du bateau.

Bazh-Krog : crochet à manche en bois employé, notamment, par les marins palangriers pour accrocher un gros poisson et le haler à bord.

Beaufort : vitesse du vent exprimée selon les critères de l'échelle de Beaufort.

Beaupré : mât placé obliquement sur l'avant ; se prolonge parfois d'un bout-dehors. C'est sur le beaupré que sont gréés les focs. (On ne compte jamais le beaupré lorsque l'on indique le nombre de mâts d'un navire).

Beg ar piche : de "beg", pointe. "Piche", pour désigner la partie anatomique qui distingue l'homme de la femme. Les pêcheurs douarnenistes étaient surnommés beg ar piche parce qu'ils portaient des pantalons de toile rouge.

Béjine - Binjin : de "bezhin", goémon.

Bennabenn : de "penn", tête, "ha" et "penn". Tête contre tête. Deux bateaux se mettent bennabenn le long du quai : étrave contre étrave.

Béquille : pièce de bois utilisée de chaque côté du bateau pour le maintenir debout sur sa quille à marée basse.

Berguois : expression typiquement douarneniste. Le mot est issu de Bergen, un port de Norvège, grand fournisseur à une certaine époque de la fameuse rogue de morue, indispensable pour appâter les sardines dans la baie. Les marins norvégiens, quand ils débarquaient leur précieuse cargaison au Port-Rhu, parlaient dans leur langue natale, incompréhensible aux oreilles locales. D'où "berguois" pour désigner une langue étrangère quelle qu'elle soit.

Bitord : cordage mince, formé de deux ou trois fils de caret commis ensemble au moyen d'un tour, ou moulin à bitord. Confectionné avec du chanvre de qualité inférieure, ou avec du fil de caret récupéré à partir des torons de vieux cordages.

Bitte : pièce de bois ou d'acier fixée verticalement sur un pont ou sur un quai, et servant à tourner les aussières et amarres.

Blinche (Sur le) : de "blench", l'extrémité fine de la branche. Un marin est sur le blinche quand il s'apprête à reprendre la mer. Sur le départ.

Bliou : de "bliv", vif, alerte. Un poisson bliou : qui saute dans le panier.

Blode : sprat se dit ordinairement "glizig", "glizigen" au pluriel. Mais aussi "blode". Et par extension, des blodes : des petits poissons.

Bolinche : la bolinche ou senne coulissante est un filet encerclant conçu pour la capture des poissons pélagiques, notamment les poissons bleus, comme le maquereau ou la sardine. La bolinche est mise à l’eau à grande vitesse en tournant autour du banc de poisson, préalablement détecté visuellement ou par les sonars. Des flotteurs sont fixés sur la partie supérieure tandis que la partie inférieure est lestée. Une coulisse permet le "boursage" du filet (fermeture de la partie inférieure) qui peut ainsi retenir la totalité du poisson encerclé. La poche ainsi créée est progressivement rétrécie et amenée le long du bord, puis le poisson est embarqué à bord avec une "salabarde" (grande épuisette).

Bolzar : terme de palangrier. Au bout du lostar, la petite corde en double qui retient l'hameçon. Faire des bolzars.

Bôme : ou gui ; vergue inférieure d'une voile aurique.

Bord (tirer un bord) : au louvoyage, parcourir une certaine distance sous la même allure et les mêmes amures. On dit également bordée.

Border : peser sur les écoutes pour raidir une voile. Border à contre : orienter la voile pour qu'elle reçoive le vent à revers (on dit également masquer).

Bordage : planches épaisses (ou tôles) qui recouvrent la membrure.

Bosco : le maître d’équipage. Dans la hiérarchie, il se situe entre le patron et les membres de l'équipage. Marin expérimenté, il a autorité sur les matelots et détient des responsabilités d'encadrement.

Bosse : bout de filin épissé sur une boucle à l'avant d'un canot et au moyen duquel on remorque ou amarre celui-ci.

Bossoir : grosse pièce de bois faisant saillie de part et d'autre du beaupré et servant à la manœuvre de l'ancre.

Bouette : de boued, nourriture. L'appât pour attirer le poisson. Bouetter : l'action de fixer l'appât sur l'hameçon. On bouette les palangres.

Boultous : de "boultouz", baudroie, lotte de mer (dite également "mordouseg" ou "touseg-mor"). Lorsqu'elle est entière on l'appelle baudroie et lotte quand elle est vendue sur les étals (seules la queue et les joues sont commercialisées). Sa large tête relativement aplatie est dotée d'une impressionnante mâchoire. Il s'agit d'un poisson noble à la chair ferme, fine et savoureuse. Si d'aucuns le découvraient entier, avec son aspect repoussant, ils pourraient en avoir l'appétit coupé !

Bourbouil - Bourboul : de "bourbouilh", bulles (lâchées par le poisson quand il va faire surface), clapotement. On pêche dans le bourbouil, le clapot léger, signe de la présence du poisson. Les marins le repèrent de loin.

Bourlingue : la pièce de bois qui sert de défense tout le long du bateau, sur le préceinte, le bordage situé au-dessus de la ligne de flottaison. Cette pièce peut être réalisée également en caoutchouc.

Bout : (prononcer "boute") morceau de cordage.

Bout au vent : debout au vent. Contre le vent.

Bout-dehors : vergue ou mât que l'on pousse en dehors d'un bâtiment et qui sert à établir une voile supplémentaire.

Boutess' : de "botez", sabot. Rien ! Faire chou blanc, n'obtenir aucun résultat, notamment à la pêche.

Boutou-Kinou : sabots rehaussés de guêtres. Les sabots-bottes des pêcheurs. L'ancêtre des bottes en caoutchouc. La partie botte pouvait être réalisée, soit dans de la toile à voile épaisse et huilée, soit dans une large bande de cuir gras, voire dans des bouts de chambre à air cloués sur le sabot.

Braillou : de "braean", broyer. Les morceaux de faïence, de porcelaine, les assiettes, les bols cassés jetés à la grève. Enfants, nous jouions avec les braillou à la plage Pors Cad, usés et polis à force d'être brassés par le mouvement des flots sur le sable (J. Join).

Braiver : de "breviñ", broyer, écraser, casser. On dit des filets qu'ils sont braivés lorsqu'ils sont déchirés, hors d'usage.

Brasse : ancienne mesure de longueur et de profondeur, mesurant (Angleterre et États-Unis) six pieds anglais, soit 1,83 m. En France, une brasse mesurait 1,62 m.

Brennour : poids, chaîne ou gros caillou pour entraîner le filet au fond.

Bréon-ner : de "breonek", à chair sans consistance. Se dit d'un poisson ramolli, pas frais, dont la chair s'émiette.

Brick : navire à deux mâts (mât de misaine et grand mât), gréés tous deux de voiles carrées. On parle alors de brick franc.

Brigantin : navire à deux mâts (misaine et grand mât), le premier seul étant gréé de voiles carrées.

Brinjin - Brinjin-ner : de "bruzun", miettes, brins. Un poisson brinjin-né a la chair flasque, distendue. Il n'est pas d'une première fraîcheur.

Burik : le gros vers de vase qui sert à appâter le poisson et que l'on trouvait, autrefois, en quantité au Port-Rhu, notamment.

Cabestan : treuil vertical pour virer les amarres, câbles et chaînes d'ancre.

Cachou - Cachoutage : l'opération qui consiste à teindre les voiles avec du cachou, synonyme de tannage. Après avoir mouillé les voiles dans l'eau de mer, le cachou est répandu bouillant sur la voile et le brossage le fait pénétrer. L'opération se fait de chaque côté. Les voiles sont ensuite remises à l'eau pour être rincées. Leur couleur brun-marron provient du cachou de bois d'acacia ("Acacia catechu") très riche en tanins. Voir infra, l'expression "kouer". 

Cale Dubon : située entre la cale ronde et celle du canot de sauvetage, au port du Rosmeur. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une cale mais d'un escalier double. Il y avait, autrefois, en face, un atelier de presse, à l'emplacement actuel des cafés "La Rade" et "Le Loup des Mers". Cet atelier était la propriété de M. Dubon. On y débarquait la sardine.

Cale du canot de sauvetage : au port du Rosmeur, la cale en pente douce utilisée, autrefois, pour la mise à l'eau du canot de sauvetage, dont le hangar était situé un peu plus haut. De retour de campagne sur les côtes de Mauritanie, les grands langoustiers se positionnaient devant la cale, près de la digue, et attendaient la marée basse pour procéder, viviers à sec, au débarquement des précieux crustacés.

Cale raie : la cale située quai du petit port, la plus proche de Plomarc'h. Les palangriers avaient coutume d'y débarquer leurs raies en les alignant sur les grandes dalles de pierre. D'où l'expression. Le passeur ("treizour") y accostait également, pour mettre à terre les équipages des bateaux mouillés dans le bassin du Rosmeur.

Cale ronde : la jetée au milieu du port du Rosmeur. Son musoir, de forme arrondie, lui a valu son appellation.

Calfater : enfoncer de l'étoupe dans les coutures du bordage et les virures du pont pour les rendre étanches. Voir infra le terme "stoupe".

Caliorne : gros palan formé de deux poulies triples, ou d'une poulie double et d'une poulie triple.

Cambuse : magasin du bord où sont entreposés les vivres.

Cape : un navire est à la cape quand, par gros temps, il réduit sa voilure de manière à diminuer sa vitesse. Dans cette position, il dérive en faisant le moins de route possible.

Capeler : faire une boucle avec un cordage, et en entourer un objet.

Carène : partie de la coque qui est immergée quand le navire est chargé.

Cartahu : filin utilisé sur les navires et les phares pour manœuvrer des charges lourdes. Il fait partie du gréement des mâts de charge et supporte directement la charge ; une de ses extrémités est fixée au tambour d'un treuil hydraulique ou électrique et s'enroule sur ce dernier. L'autre extrémité est reliée à un croc ou à un trèfle si deux cartahus travaillent ensemble.

Casser la caisse : celle où les marins plaçaient une part de la pêche à chaque "voyage", pour parer aux aléas du métier, aux "coups durs". On la vidait jusqu'au dernier sou (jusqu'à plus soif !) à la fin de la campagne de maquereau ou de thon, car les hommes d'équipage changeaient facilement de bateau d'une saison à l'autre. Cela donnait lieu à des scènes mémorables, dont beaucoup de familles douarnenistes gardent encore un souvenir vivace...

Chaloupe sardinière : barque de pêche en bois non pontée, pointue à ses deux extrémités et dotée de deux mâts (le mât de misaine à l'avant et le mât de taillevent au milieu) gréés de voiles au tiers. Elle fit la richesse de la vieille cité sardinière autrefois. D'aucuns prétendent que l'on en dénombrait jusqu'à huit cents (800 !) dans le port du Rosmeur, à l'apogée de la sardine.

Chantier bolchevik : un chantier naval, Largenton et Cie, situé au Port-Rhu, place de l'Enfer plus précisément, perpendiculaire au bar du même nom. On y construisait de bons et solides bateaux en bois. Du travail soigné. Quatre associés le dirigeaient : les deux frères Largenton, Corentin Nicolas et Michel Le Corre. Sa création sous forme associative n'était guère courante à l'époque. Elle n'avait pourtant rien de bolchévique, en dépit de l'appellation.

Chasser (sur l'ancre) : action d'un navire qui entraîne son ancre par suite d'une tenue insuffisante du fond.

Choug : de "choug", nuque. La partie située juste à l'arrière de la tête d'un poisson rond, le congre ou le thon, notamment. Le meilleur morceau pour les connaisseurs.

Chute (d'une voile) : si la voile est carrée, distance du milieu de la ralingue d'envergure au milieu de la ralingue de bordure.

Coltarer : mettre du goudron.

Compas : instrument de navigation. La différence entre une boussole et un compas réside dans le fait que dans une boussole, l'aiguille aimantée se déplace devant un cercle gradué, tandis que dans un compas, un cadran est solidaire de l'aiguille aimantée et se déplace devant un repère.

Corne : espar terminé à une de ses extrémités par une mâchoire ou une ferrure portant un aiguillot, et servant à établir une voile aurique.

Coupée : ouverture pratiquée dans les pavois pour permettre l'entrée et la sortie du bord. Échelle de coupée.

Couronnement : extrémité supérieure arrière du navire.

Da goll : de "da", à, vers, et "koll", perte, perdre. On dit de la pêche qu'elle va da goll quand elle est en diminution, qu'elle va mal.

Dalrr' - Dalrr'er - Dialrr'er : de "derc'hel", retenir, et "dalc'h", retenue. Il y a du dalrr' avec les palangres quand elles sont accrochées sur des fonds de roche, coincées. Le contraire c'est dialrr'er, enlever le dalrr', c'est-à-dire décrocher les lignes.

Dalot : trous pratiqués dans le pavois pour permettre l'évacuation de l'eau du pont d'un navire.

Dame de nage : creux pratiqué dans la fargue d'une embarcation pour y appliquer l'aviron ; appareil servant à appuyer l'aviron.

Daou anterre : de "daou", deux, et "hanter", moitié. Faire part à deux. On partage en deux les bénéfices et les frais. Sur le bateau, le marin était daou anterre quand il apportait ses filets. Il recevait alors la demi-part du travail et la demi-part du filet. Moitié-moitié.

Déborder : pousser ou repousser une embarcation pour l'écarter du quai ou du navire auquel elle était accostée.

Défense : ballon en cordage ou en liège, pièce de bois, pneu usagé, bouée de palangre etc., que l'on suspend en dehors d'un navire ou d'une embarcation pour amortir les chocs ou prévenir les frottements contre un quai ou un autre navire.

Déhaler : déplacer un navire au moyen de ses amarres.

Dépenses (les) : les fournisseurs du bateau déposaient leurs factures au bistrot. La tenancière payait rubis sur l'ongle et "cochait" la dépense sur le cahier dédié. On savait où trouver le patron et ses hommes. Chaque équipage avait son café attitré, où il effectuait ses comptes, réglait les notes, payait ses "bosses", ses "coches", et partageait les "gains" du voyage. Les billets étaient disposés en tas égaux sur la table dans l'arrière-salle. On "faisait ses dépenses". C'était avant l'apparition du chèque bancaire, puis du virement automatique ! J'accompagnais de temps en temps  mon père chez "Tante Lisette", où il faisait ses dépenses. Le bistrot était situé d'abord rue Anatole France, un peu plus bas que l'église Sainte-Hélène, sur la droite, en face de l'ancienne usine Guy, avant que Lisette ne s'installe par la suite quai du petit port. Pour l'occasion, j'avais le droit à une grenadine et un rocher Suchard. "Fir' ru", le moussaillon ! (J. Join)

Déraper : arracher une ancre du fond, la faire décrocher.

Dessous : mettre la barre dessous, c'est la mettre sous le vent de façon à faire lofer le bateau.

Dessus : mettre la barre dessus, c'est la mettre au vent de façon à faire arriver le bateau.

Dibaber : de "dibab", choisir, trier. On dibabe le poisson dans la caisse avant de le mettre en vente. On dibabe dans son assiette en choisissant les meilleurs morceaux.

Dibenner : de "dibennan", étêter. Ôter la tête des poissons.

Dibesquer : de "dibesk", sans poissons. C'est retirer les sprats, les sardines qui demeurent accrochées par les ouïes aux mailles du filet ramené à bord ou sur le quai. A cette fin, les pêcheurs secouent le filet à petits coups secs et saccadés.

Dirastar - Diraster : de "dic'hastañ", tuer, détruire, bousiller. On diraste le poisson quand il se présente en quantité et qu'on en pêche beaucoup, rapidement. Le dirastar de sardines : l'excellent pêcheur.

Dirôler : à usage maritime : retirer du rôle d'équipage. Ne plus être inscrit sur le rôle.

Disboeller - Distriper : de "dis", privatif, et "bouelloù", intestins, boyaux. Éviscérer, vider un poisson. Distriper, de "stripenn" ou "stripoù", c'est la même chose : enlever les tripes.

Diskanter : de "diskantañ", écailler, desquamer. Diskanter une vieille (poisson), par exemple.

Disklo (de) - Disklaouer : de disklaouañ, déferrer. À bord des palangriers, le marin chargé de déferrer le poisson lors de la levée des lignes est l'homme de disklo. Disklaouer : enlever l'hameçon.

Dismerrer : de "dismeriñ", mettre en pièces. On dit des filets qu'ils sont dismerrés quand ils sont abîmés, déchirés. Il va y avoir un gros travail de ramendage à faire dessus.

Distrujer : de "distrujañ", détruire, désintégrer. On dit, par exemple, d'un filet de pêche qu'il est distrujé lorsqu'il est abîmé, déchiré.

Dopp : de "dobez", daube, ragoût. Un dopp silienn, une daube de congre : un mets très apprécié des connaisseurs, notamment des marins pratiquant la pêche aux palangres.

Dour-dei : En se balançant dans un canot, lui donner un fort mouvement de roulis bord sur bord, jusqu'à embarquer de l'eau par les cotés. Faire dour-dei. Expression douarneniste.

Dress' (de) : de dresañ, arranger, parer. Le marin palangrier chargé de ranger le poisson dans les caisses, selon l'espèce et la taille, est l'homme de dress'.

Drisse : cordage ou palan servant à hisser une vergue, une corne, une voile, un pavillon, etc.

Drome : faisceau, assemblage flottant de plusieurs pièces de bois, telles que mâts, vergues, bouts-dehors, etc. Autrefois, lors du naufrage de chaloupes, certains marins eurent la vie sauve grâce à la constitution de tels radeaux de fortune composés de mâts, avirons, voiles, filets, auxquels ils purent se cramponner fermement en attendant les secours. Cf. notamment, le naufrage de la chaloupe "Claude Bernard", DZ 1660.

Drosse : filin, câble, chaîne qui sert à transmettre à la barre du gouvernail les mouvements imprimés par la roue.

Drosser : être entraîné hors de sa route par le courant ou par le vent. Un navire drossé à la côte : jeté sur le rivage, un récif, un banc de sable.

Dundee ( ou dundée") : prononcer "dindé". Bateau de travail à voile (gréement de type yawl), utilisé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. A Douarnenez, il était utilisé surtout pour la pêche au maquereau de dérive, celle du thon à la traîne et celle de la langouste. La coque était initialement pourvue d'une voûte longue et basse qui donnait une flottaison et donc une vitesse plus grande pour une longueur de quille et donc un prix identique. En 1930, toutefois, une terrible tempête décima la flottille bretonne dans les parages du banc de la "Grande Sole" : de nombreux dundees coulèrent corps et biens, submergés par l'arrière trop bas ou la voûte disloquée par les déferlantes. Un nouveau type d'arrière, dit en "cul de poule" ou "canoë", fut alors mis au point pour rendre le bateau plus marin et permettre l'installation des premiers moteurs, qui allaient à leur tour entraîner la réduction puis la disparition du gréement. Le dundee est gréé comme un cotre à tapecul, dont le grand-mât est toujours à pible (c’est-à-dire fait d'une seule pièce). La grand-voile est une voile à corne qui peut être surmontée par un flèche. Au cours de la tempête d'équinoxe de septembre 1930, deux dundees thoniers du quartier maritime furent perdus "corps et biens", le douarneniste "Glaz Bihen", DZ 2579, du patron Alexandre Vigouroux, et le trébouliste "Stéréden-ar-Mintin", DZ 2586, du patron Henri Balannec.

Écoute : manœuvre servant à orienter une voile et à l'amarrer à son coin inférieur sous le vent, qui est le point d'écoute (l'amure remplit la même fonction du côté opposé, c'est-à-dire au vent).

Écoutille : ouverture pratiquée dans le pont, donnant accès à l'entrepont et à la cale.

Écubier : ouvertures ménagées de chaque côté de l'étrave pour le passage des chaînes d'ancre.

Embraquer : raidir un cordage.

Empêche : de "ampech", empêchement, handicap, la personne qui porte la poisse, le porte-malheur. Une superstition bien ancrée dans le milieu maritime. Il vaut mieux éviter de croiser l'empêche, afin de pas s'attirer toutes sortes d'ennuis ou d'accidents, le mell empêche étant le sommet de la hiérarchie. D'où vient leur réputation ? Nul ne le sait véritablement. Une anomalie physique ? Le marin qui porte le signe est en tout cas très malheureux dans ses rapports avec ses congénères.

Encablure : mesure employée pour estimer la distance approximative d'un objet peu éloigné (120 brasses, soit environ 200 mètres).

Énarche (pill) : de "araj", rage. Se dit de quelqu'un qui est dans une très grosse colère, en furie.

Enduit (faire l'enduit) : appliquer la peinture sur la partie immergée de la coque du bateau (les "œuvres vives"). L'ancêtre de l'antifouling d'aujourd'hui ! Avant l'apparition du slipway, en 1964, ces travaux de nettoyage et de peinture étaient réalisés par les équipages sur la grève, au Rosmeur (grand port et petit port), ou au Port-Rhu, au lieu-dit "Les Magasins", notamment, avant le bar-restaurant "La Galère" et l'ancienne usine Jaffry, cet endroit ayant été comblé par la suite lors de la construction du boulevard Camille Réaud.

Énezennoù : de "enez", île. Au pluriel, les îles. Il s'agissait de deux îlots rocheux situés à proximité de la pointe de Pen-ar-Vir, au port de Tréboul. Ils ont été arrasés lors de la construction du port de plaisance.

Enfer (L') : Un lieu-dit du Port-Rhu. La place de l'Enfer où siège l'actuel Port-Musée, notamment. En contrebas de la chapelle Saint-Michel qui tient son nom du prédicateur Dom Michel Le Nobletz (Ar beleg foll, le prêtre fou !). Les bateaux avaient coutume de venir hiverner à l'Enfer.

Engagé : un navire est engagé lorsqu'il a pris un angle de gîte tel qu'il ne peut plus se redresser.

Enlever parti : de "tennañ kuit", retirer parti. Voir infra, l'expression "Ten kuit !", utilisée notamment à bord des palangriers, près du treuil servant à relever les cordes.

Épisser : réunir deux cordages ou deux câbles ou deux bouts de même cordage ou de câble en décommettant les torons et en les entrelaçant les uns dans les autres sur une longueur suffisante pour assurer la liaison. Épissoir : poinçon qui sert à desserrer les torons d'un cordage ou d'un câble qu'on veut épisser. Épissure : procédé pour joindre deux cordages ou deux câbles ou pour former un œil à l'extrémité d'un cordage ou d'un câble par entrelacement des torons, sans modifier sensiblement l'épaisseur du cordage ou du câble à l'endroit de la greffe.

Épontille : support vertical soutenant un barrot.

Espar : longue pièce de bois employée comme mât, vergue, corne, etc.

Étai : cordage ou câble destiné à consolider un mât contre les efforts de l'avant à l'arrière.

Étambot : arrière du navire.

Étrave : avant du navire.

Éviter : changements de position effectués par un navire à l'ancre sous l'action du vent ou du courant.

Fanch' ar couic : de "fañch ar c'huik", le pétrel, oiseau de mer, qui se dit également "labous per" ou "satanig". Signe de gros temps !

Faséyer : battre au vent, en parlant d'une voile que le vent n'emplit pas (s'écrit également faseyer, faséier, fasseyer et faseiller).

Faubert : balai fait avec de vieux cordages dont on se sert pour sécher le pont après lavage. Cf infra, le terme "visponte".

Fessonn' : de "feson", aspect, apparence. "Feson amzer" : apparence du temps. A la pêche, quand il y a apparence de poisson.

Fèze : de "fes", mouillage. A marée basse, dans le port du Rosmeur, les bateaux d'un certain tonnage ne peuvent pas accoster au quai ni à la cale. Le fèze est l'endroit où ils mouillaient en attendant de pouvoir débarquer leur pêche.

Fil de caret : petit cordage constitué par des fils de chanvre tordus ensemble. Plusieurs fils de caret commis ensemble forment un toron.

Filer (une amarre) : laisser aller une amarre dont l'autre bout est attaché. Filer une chaîne : augmenter la touée, la longueur d'une chaîne.

Fine ar saison : la fin (qui se prononce "fine" en breton) de la saison (entendu, de pêche).

Flèche : voile d'étai légère déployée sur le mât arrière (artimon ou grand-mât), établie sur un mât de flèche au-dessus d'une brigantine (grand-voile sur une goélette), ou d'une voile basse aurique (voile au tiers, voile à corne...), de forme triangulaire ou carrée.

Flojenne : de "flojenn", flotteur (de filets). Au pluriel, "flojennoù". La bouée qui maintient à la surface la corde haute du filet de maquereau, lui permet de flotter.

Foc : voile triangulaire hissée entre le beaupré et le mât de misaine (trinquette, grand foc, petit foc, clinfoc).

Forain : ouvert. Rade foraine : rade sans abri, lieu d'ancrage exposé au mauvais temps du large.

Fourrer : garnir (entourer) un filin avec du lusin, du merlin ou du bitord, pour le protéger du frottement, du ragage.

Frapper : attacher, amarrer, fixer.

Friture ar zorne : de "fritañ", frire, et "skorn", glace. A priori, contradictoire. Et non, pourtant : l'usine où l'on fabrique les barres et les paillettes de glace pour les bateaux de pêche, friture étant pris ici au sens large d'usine. "Silo skorn" : silo à glace. La glacière, située sur le quai entre la cale ronde et la cale raie, tout en bas de la rue de la Marine, fut longtemps dirigée par M. René Le Bihan, lui-même successeur de son père. L'endroit où elle était implantée a cédé la place à un immeuble HLM, seule ayant été conservée la porte monumentale de l'usine, datant de 1890. Cette porte, surmontée d'une horloge, arbore une inscription à la mémoire des Français libres embarqués sur le dundee mauritanien "Trébouliste", DZ 3129, le 18 juin 1940.

Fuite : un navire est en fuite, ou fuit devant le temps, ou devant le vent, quand il gouverne de façon à recevoir le vent ou la lame par l'arrière (manœuvre de gros temps).

Gaffe : perche munie d'un croc et d'une pointe, servant tantôt à accrocher, tantôt à déborder, dans les manœuvres d'accostage et d'appareillage.

Gaillard : partie extrême avant et extrême arrière du pont supérieur. Le navire pourvu de gaillard est opposé au navire dit «franc-tillac», dont le pont est au même niveau sur toute la longueur du bâtiment.

Galhauban : cordage fixe servant à assujettir les mâts supérieurs par le travers et l'arrière.

Garant : nom que prend un cordage quelconque quand il est employé pour former un palan.

Garcette : petit cordage court, généralement récupéré par l'équipage sur un cordage plus grand et usé, et qui sert le plus souvent à l'amarrage d'un équipement du bateau.

Garek su : de "karrek", rocher, et "du", noir. La roche noire située dans le chenal de Tréboul, à proximité immédiate, sur la gauche en sortant, de la digue du Birou (de "biron" ou "piron", le juvénile de la dorade).

Garniture : protection dont on munit un élément du gréement en l'entourant de bitord, de limande ou de fil de caret formant natte, pour le préserver du frottement.

Gîte : bande ; inclinaison du navire sous la pression du vent, ou par suite d'un accident, ou d'un déséquilibre de son chargement.

Glazin : de "glazenn", verdure, jadis pâtis communal sans doute. Un quartier maritime animé à l'époque, situé au-dessus du petit port, à l'orée des Plomarc'h. Ceux du Glazin, à l'instar de ceux du Guerlosquet ou du Guernévez.

Glène (de cordage) : portion de cordage ployée en rond, c'est-à-dire lovée.

Glizig : sprat. Au pluriel : glizigen.

Glouzouré : gorgé d'eau.

Godaille : il s'agit de la part de pêche laissée par le patron pêcheur à ses marins (en plus de leur part, qui sera versée sur leur salaire, pour ceux qui travaillent à la part). Elle est normalement constituée par les poissons, coquillages, crustacés qui ne pourraient pas être normalement, du fait de leur qualité, présentés en criée. Les marins en faisaient profiter leurs proches, leurs voisins. Au fur et à mesure, la godaille traditionnelle en nature a été convertie en argent et considérée comme un complément de salaire, un dû. Autres temps, autres mœurs...

Godillle : aviron de queue. Cf infra, le terme "poliver".

Gonio : voir infra, à "Radiogoniométrie".

Goraillou : de "ko(u)railhoù", poumon. Les poumons, le foie, le cœur, l'intérieur de la poitrine des bœufs, des vaches etc. Au début du "voyage" à bord des bateaux, il était de coutume que l'un des premiers repas servis soit un ragoût goraillou. Très apprécié, paraît-il, des connaisseurs.

Goret : de "gored" ou "kored", pêcherie, gord. Il s'agit d'une petite crique de sable et de gravier située en contrebas des cuves de garum des Plomarc'h (salaisons gallo-romaines), devant laquelle étaient érigées des pêcheries à cette époque. A la pointe du Goret se trouve un joli trou d'eau où nous plongions à marée haute, que nous appelions communément "la passe" (J. Join)

Gorner : de "gorren", levée, relevage, hissage. Terme technique propre au métier palangrier. Action de relever les palangres, les remonter à bord après une immersion de quelques heures. On gorne les palangres.

Gotar : de "kaoter", marmite, chaudron. L'homme de gotar, le marin chargé de la cuisine à bord du bateau, à une époque où il n'y avait pas encore de cuisinier attitré. Chaque homme d'équipage, à tour de rôle, se coltinait la cuisine au cours du "voyage". Et certains avaient plus de savoir-faire que d'autres...

Goudri : de "goudri", cordage lesté à filets. Le bout de cordage servant à amarrer la pierre, le caillou, au bas du filet pour le lester.

Grabaize : de "gravazh" ou "krabazh", civière (brancard), brouette. Une manière plus facile pour transporter à quatre les filets, barils de rogue, paniers, fanaux etc. nécessaires à la pêche. Les porter de chez soi au bateau pour embarquement.

Grain : vent violent et de peu de durée qui s'élève soudainement et qui est généralement accompagné de précipitations.

Grêchou : de "groc'h", "groc'hoù", grotte, caverne. Le vide inaccessible dans le fond du bateau, où l'on trouve un mélange d'eau, d'huile et de mazout. Pas très ragoûtant. Éviter surtout de tomber dans les grêchou !

Grève des prêtres : la grève entre Koataner et le Goret, d'un accès pas très pratique, en contrebas des champs de Plomarc'h. Un endroit discret, à l'abri des regards, où les prêtres de la paroisse avaient coutume de se rendre pour s'y baigner, d'où l'expression.

Gréyer - Digréyer : de "greiañ", gréer. Gréer un bateau, l'équiper. Le contraire, digréyer, enlever le gréement.

Grilli sable : de "grilh-sabl", la langoustine que l'on pêche sur des fonds sableux, le banc de Porcupine (Porcupine Bank), dans le noroît de l'Irlande, étant connu, à une certaine époque, comme l'Eldorado de ce fameux crustacé.

Guerlosquet : de "kêr", ville, village, villa, et "losket", brûlé. La ville, la maison brûlée. En souvenir d'un incendie qui ravagea les lieux. Quartier autrefois résidentiel situé au-dessus du guet, où vivaient bon nombre de patrons-pêcheurs, compte tenu de la surpopulation au Rosmeur. On l'appelle également la "terre sainte" ou la "terre des prêtres", à raison de sa proximité immédiate avec l'église du Sacré-Cœur et du presbytère attenant. Ceux du Guerlosquet, à l'instar de ceux du Glazin ou du Guernévez, autres quartiers à forte densité de marins.

Guernévez : de "kêr", ville, village, et "nevez", neuf, nouveau, récent. La ville neuve. Le port du Rosmeur étant surpeuplé, les Douarnenistes firent construire leurs maisons dans les espaces libres les plus proches. Le quartier du Guernévez englobe notamment les rues des Baigneurs et des Guetteurs. Ceux du Guernévez...

Guindeau : treuil à axe horizontal utilisé sur les navires pour relever l'ancre. Il est également utilisé pour virer les aussières. Petit cabestan horizontal.

Hale (de) : Posté au treuil à palangres, le marin qui vire les lignes est l'homme de hale.

Haler (vent) : tourner vers. "Le vent hale du nord" : le vent tourne au nord.

Hauban : fortes manœuvres dormantes qui servent à soutenir et à assujettir les mâts par le travers et par l'arrière (comme les étais par l'avant).

Ibil : de "ibil", cheville, goujon, goupille, gournable. Une longue cheville en bois de chêne utilisée pour l'assemblage de pièces de bois en construction navale, pour fixer les bordages notamment. Servait également à attacher l'appât dans les casiers, boucher un trou dans la coque du bateau.

Inetanvèze : de "intañvez", veuve. Les filets des veuves. Une œuvre sociale et spontanée née de la générosité et de la solidarité des pêcheurs douarnenistes. Au décès de l'époux, sa veuve conservait ses filets à bord, ce qui lui procurait une demi-part de pêche, soit la moitié de la part revenant à chaque homme d'équipage. A charge pour elle de ramander, réparer les filets déchirés.

Itague : manœuvre souvent en chaîne ou en fil d'acier, fixée par son extrémité à une vergue qu'elle est destinée à hisser.

Jambette : montants qui dépassent le plat-bord et sur lesquels on peut tourner des manœuvres.

Kapo braz : grande cape tombant sur les pieds et munie d'une capuche, taillée dans une toile à voile, parfois doublée d'une couverture cousue à l'intérieur. Les pêcheurs sardiniers dormaient à bord de leurs chaloupes, en cabanant sous une voile, engoncés dans leur kapo braz.

Karguer : de "kargan", charger, remplir, combler, gorger de. Le bateau est kargué : chargé, rempli de poisson. On kargue ses chaussures en les remplissant d'eau lorsque l'on saute dans les flaques. Attention d'attraper son "péguémenn" en rentrant à la maison : attraper pour son grade, être grondé.

Kost a dreuze : de "kostenn", côté, et "a-dreuz", de travers. Le bateau vient kost a dreuze quand il prend le vent ou les lames par le travers. "Avel a-dreuz" : vent de côté, vent latéral.

Kouer : de "kouez", lessive, bois écorcé pour faire le tan. L'action de tanner les voiles, les filets ou les orins, afin de les protéger et de leur assurer une meilleure conservation. Le tan était délayé, chauffé à ébullition dans une grande marmite où l'on plongeait et brassait les engins de pêche. Dans la cour de l'Abri du Marin, un espace était réservé pour faire la tannée ou la kouée. Je me souviens, gamin, accompagner "Tonton Philippot", un ancien marin douarneniste de la rue Pors Laouen, pour assister à ces opérations (J. Join). Voir supra l'expression cachou - cachoutage.

Krank soze : de "krank", crabe, et "saoz", anglais. Le dormeur, le tourteau, à ne pas confondre avec l'araignée. Pourquoi anglais ? Vraisemblablement parce qu'il était surtout pêché, autrefois, dans les eaux anglaises par les caseyeurs bretons, notamment ceux de Moguériec, Morlaix ou Roscoff.

Lantik : de "lent", lent, paresseux, timoré. Le marin douarneniste estimait que tout ce qui venait de la terre n'avait pas beaucoup de valeur. Qualifier quelqu'un de lantik (péjoratif), c'était le traiter de paysan, ne lui accorder aucune importance.

Largue : un navire court largue quand le vent frappe les voiles par le travers (on dit aussi : vent de travers). Le petit largue désigne l'allure intermédiaire entre le travers et le près ; le grand largue, l'allure intermédiaire entre le travers et le vent arrière. (Noter que cette terminologie n'est pas précise ni uniforme ; pour certains auteurs plus récents, le petit largue correspond au vent de travers, et le largue se situe dès lors entre le travers et le grand largue).

Larguer (un cordage) : le laisser aller, le lâcher, le détacher. Larguer en bande : larguer promptement, filer sans précaution ni retenue.

Lège : un bâtiment lège est vide, ou n'a qu'un chargement incomplet.

Lemmer - Limmer : de "lemmañ", affûter, aiguiser. Un couteau lemm : un couteau bien aiguisé, coupant, tranchant.

Lest : corps lourd que l'on arrime dans un navire pour en assurer la stabilité.

Liche koat : de "lej", liège, et "koad", bois. La petite marque en bois, fixée sur le premier et le dernier liège de la ralingue supérieure du filet, sur laquelle tout bon marin douarneniste gravait artistiquement son nom et l'année de mise en circulation de l'engin. Il semble qu'à Tréboul on utilisait plutôt l'expression "markesen" ou "merkessen". De "merk", marque.

Limouze raie : de libouz, matière visqueuse, et libous, glissant. Le gluant de la raie. Glisser sur le limouze raie.

Lisse : la lisse de plat-bord est la partie plate du dessus du pavois, des batayoles, servant de renfort pour ce garde-fou, mais aussi de positionnement de certains taquets, chaumards  ou autres éléments.

Loch : appareil servant à mesurer la vitesse d'un navire.

Lofer (ou loffer) : venir plus près du vent. Virer lof pour lof : virer vent arrière.

Lontrek : vraisemblablement de "lontek", vorace, glouton. Le petit poisson dénommé gobie ("touseg-mor", "skanteg"), très hideux, à grosse tête, bouche ouverte, que l'on trouve dans les trous d'eau, sous les rochers, parmi les crevettes.

Lostar : de lost, queue. Avançon fixé sur la palangre à intervalles réguliers calculés en brasses, et au bout duquel se trouve le bolzar retenant l'hameçon.

Louden : de lod, part. La part de pêche.

Louvoyer : progresser en zig-zag en tirant des bords, tantôt sous une amure, tantôt sous l'autre, pour atteindre un objectif situé dans la direction d'où vient le vent.

Lover : ramasser un cordage en glène, c'est-à-dire le ployer en rond. On love toujours de gauche à droite.

Mah ! - O mah ! : de "ma", ah ! eh bien ! tant pis ! Locution interjective pour exprimer l'impuissance, la fatalité, le regret, l'interrogation, l'étonnement, l'émotion etc.

Mailloche : maillet cylindrique dont on se sert pour fourrer les cordages.

Malamok : le Chasse-Marée N° 324 nous dit : ...Le terme "Malamoque", plus souvent orthographié "Malamock", désignait plusieurs espèces d'albatros (Thalassarche) de taille plus petite que l'errant, (Diomedea exulance). Dans la Marine, les capitaines qui avaient commandé un voilier au passage redoutable du Cap Horn étaient désignés par l'expression prestigieuse d'"Albatros". Les "Malamocks" étaient des officiers qui avaient passé le Cap Horn alors qu'ils n'étaient pas encore capitaines.

https://www.lavieb-aile.com/article-la-flottille-de-peche-cotiere-de-morgat-1945-1965-113238477.html   Onomastique de la flottille de Pêche au Large de Morgat 1945-1965. Le "Malamok" désigne, dans les ports du quartier du Guilvinec, des bateaux de pêche apparus par évolution de la pinasse sardinière avec un faible tirant d'eau, un pontage, une cabine, un moteur diesel, une taille de 14 à 20 mètres, et équipés d'un chalut à panneau divergent; on en comptait 75 dans ce quartier maritime en 1939. Mais cette pêche au chalut ne définit pas ce type de bateau, puisqu'il existait, à Douarnenez, Morgat et Camaret, des malamoks thoniers (comme Reder ar Moriou), ou thoniers-maquereautiers. Leur nom, qui est le surnom breton d'oiseaux du Cap-Horn, aurait été attribué à ces navires en raison de leur impressionnante capacité de pêche qui évoque la voracité des albatros. A Morgat, le nom de malamok désigne donc des navires de pêche au thon, succédant aux dundees à voile, et dont la motorisation permet de se rendre sur les lieux de pêche sans tirer des bords, et de manoeuvrer facilement lors de la pêche ; l'arrière est en cul-de-poule,  le barreur dispose d'un abri, et les voiles servent  pour stabiliser le bateau par vent de travers ou en appoint pour économiser le carburant . Reder ar Moriou et Breizh-Atao étaient les seuls Malamoks avant la guerre.

Manœuvres : filins composant l'ensemble du gréement. Les manœuvres dormantes sont fixes et servent à soutenir les mâts ; les manœuvres courantes sont mobiles et servent à manœuvrer les voiles et orienter les vergues.

Martingale : sous-barbe du bout-dehors de foc.

Masquer : un navire masque lorsque le vent, au lieu de frapper les voiles par-derrière, les frappe par-devant. On dit aussi "faire chapelle".

Méchance : emichans : sans doute, probablement. Avec la nuance, j'espère, je me demande.

Meil strong : de "meilh", moulin, moulinette, et "stronk", déchet, appât de poissons broyés. Le fameux Moulin à stronk, si cher à Yvonne Jaouen et Jean Pencalet, auteurs du recueil éponyme d'histoires douarnenistes illustré par Charles Kérivel dit Kérik. Appareil utilisé à bord des bateaux pour broyer au fur et à mesure les déchets de poisson provenant de l'usine, afin d'appâter et de faire mailler la sardine par les ouïes dans le filet. Voir infra l'expression Stronk.

Mestr : Ar mestr, le maître, le patron-pêcheur (mestr-bag).

Michar : de "micher", travail, profession, métier. Dans le système traditionnel des pêches saisonnières, auquel étaient fort attachés les marins douarnenistes, changer de michar c'était tout simplement changer de type de pêche. On pouvait passer ainsi de la pêche au maquereau à celle de la sardine, du thon ou des palangres.

Misaine : le mât de misaine est le mât situé à l'avant d'un voilier, devant le grand-mât. Sur une chaloupe sardinière, il est positionné devant le mât de taillevent. Il porte la misaine, ou voile de misaine. Il est, en principe, moins haut que le mât de taillevent, même si parfois les hauteurs peuvent être presque équivalentes.

Mistik : de "mistr", peu volumineux. Une pêche mistik : une toute petite pêche.

Moko : un mot d'argot issu de l'expression provençale "em'acò" (« avec ça ») désignant un marin de la Marine nationale, naviguant en Méditerranée, dont le port d'attache est Toulon. Par extension, les gens du Midi. Un certain nombre de marins douarnenistes ont été affublés du surnom de moko (ou moco) : "Moko Bihen", "Moko Bouc", Moko Tin", "Moko Veih Aël", "Thieu ar Moco" etc. En souvenir de leur passage dans la Royale, ou pour avoir pratiqué la pêche en Méditerranée ?

Mordiou : de "mor", mer, et "dehou", de droite. "Ar mor diou" : la mer de droite. Les Sénans s'orientant comme les Celtes vers le levant, appellent ainsi la mer située à droite de l'île de Sein, c'est-à-dire au sud. Un endroit propice à la pêche aux maquereaux.

Morfout : de "morvaout", "malfaout", le cormoran. Certains dient "mellfout".

Mougar : de "moger", barrière, muraille, mur de quai. Le "mougar de la honte" : le fameux mur de la honte ! La jetée en direction des Plomarc'h, pas très appréciée des douarnenistes, à une certaine époque, puisqu'elle obstruait l'horizon depuis les quais du grand port au Rosmeur.

Mouskoul : de "morskoul", le fou de bassan.

Nager : ramer. En langage nautique on n'emploie jamais les mots "rame" ni "ramer" : on dit "aviron" et "nager".

Natte : paillets et sangles que l'on place aux divers endroits de la mâture et du gréement que l'on veut protéger du frottement.

Noaz ran-ne : de "noazh", nu, dénudé, et "ran", grenouille. Nu comme une grenouille ! Se dit d'une base, d'un banc, d'un poull où il ne reste plus aucun poisson. Pillé, dévasté, mis à nu.

Nœud : unité de vitesse. Quand on dit d'un navire qu'il file, ou fait autant de nœuds, cela veut dire qu'il fait autant de milles (marins) à l'heure. Un mille marin mesure 1.852 mètres.

Orin : Cordage attaché par un de ses bouts à l'ancre, et par l'autre à la bouée repère, qui flotte sur le lieu de l'ancrage pour en indiquer l'emplacement exact.

Paillet : natte tressée en fil de bitord ou torons de cordage pour garnir les parties du gréement dormant que l'on veut préserver du frottement.

Palan : appareil composé de deux poulies et d'un cordage appelé garant, qui permet de multiplier la force exercée sur le garant.

Palangre : S'écrit également "palancre". La palangre est constituée d'un corps de ligne, appelé ligne mère ou maîtresse, sur lequel sont fixés des hameçons par l'intermédiaire d'avançons. À la fin des années cinquante, début des années soixante, les marins de "L'Indéfini", DZ 3865, se fournissaient auprès des Ets Lemarié à Lassay-les-Châteaux (Mayenne), une corderie artisanale créée en 1890 et qui existe encore de nos jours. La corderie en question approvisionnait aussi les palangriers du Cotentin et de la Manche, notamment ceux réputés de Cherbourg. La ligne mère mesurait une soixantaine de brasses, soit environ cent mètres, sur laquelle étaient fixés vingt avançons ("lostars") prolongés à leur extrémité par des cordelettes en double ("bolzars") qui retenaient les hameçons de grande dimension. Je revois mon père monter ses palangres dans le garage, à la maison, et je renifle encore l'odeur des fils naturels (chanvre, sisal, pite etc.) dans lesquels étaient tressées les cordes, bien plus agréable que celle des lignes en polyester fabriquées par la suite (J. Join).

Pan-nar baire : de "paner", panier, et "berr", court. Le petit panier rond, à une anse, utilisé pour la sardine qu'on vendait autrefois par cent, avant sa vente au poids. Le panier en osier évoluera au fil du temps, pour prendre la forme d'un parallélépipède rectangulaire. Il sera doté d'un couvercle rabattable à une poignée, fermé par une baguette passée dans deux boucles, le tout confectionné en osier. Les marins y plaçaient leurs objets de toilette (notamment la fameuse boîte de rasoir décorée artistiquement par leurs soins), ainsi que de menues provisions de bouche (biscuits casse-croûte BN, pain d'épice etc.), de petites "douceurs" de nature à améliorer l'ordinaire du bord. Au retour de chaque "marée", mon père rapportait à la maison quelques-unes de ces provisions, que la fratrie familiale se disputait âprement, en dépit du fait qu'elles avaient pris l'humidité ambiante et étaient imprégnées de relents de mazout, à raison de leur rangement dans le poste arrière, à proximité immédiate du moteur Baudouin du palangrier. Leur indéniable "vécu" constituait certainement, pour nous, la part essentielle de leur attrait et de leur charme ! (J. Join)

Pan-nar manestrande (ou malestrande) : de "malestreg" ou "malastred", Malestroit, petite cité de caractère du Morbihan où était fabriqué ce grand panier en osier, à quatre anses. Il servait à porter le maquereau. Les lavandières l'utilisaient également pour transporter leurs paquets de linge au lavoir.

Paraviré : de "paré à virer", une expression de la marine à voile annonçant un virement de bord. L'opération requiert une certaine attention car elle n'est pas sans risque, la voile pouvant venir vous frapper brutalement, vous désarçonner. Par extension, le "paraviré" désigne un coup soudain, décoché brutalement du plat et du revers de la main. Un aller-retour en quelque sorte ! "Fais gaffe d'attraper un paraviré".

Parer (un danger) : éviter, prévenir un danger.

Passavant : passage de l'avant à l'arrière.

Pataras : hauban supplémentaire destiné à soulager temporairement un hauban soumis à un effort exceptionnel (également : faux-hauban).

Pavois : partie de la coque située au-dessus du pont.

Pen-ar-vir : de "penn", bout, extrémité, pointe, et "vir", virement. À Tréboul, la pointe rocheuse au bout du quai Marie-Agnès Péron, qui servait de repère aux bateaux à voiles pour effectuer leur virement de bord avant de pénétrer dans le port. Au-dessus, a été construite la cité HLM de Kermabon.

Pennoz : penaoz : comment. L'exclamation marquant l'étonnement.

Pic : extrémité de la corne d'artimon. Par extension, la corne entière.

Pite (ou pitte) : variété d'agave d'Amérique. Matière textile tirée des fibres de cette plante. À une époque, les cordes utilisées pour la pêche aux palangres étaient confectionnées en pite. Plus légères que celles de chanvre. Avant l'apparition des fibres synthétiques et du nylon.

Plombe : de "plom", droit, debout, d'aplomb, en équilibre, à la verticale. On reste plombe dans le roulis sur le pont d'un bateau quand on a le pied marin.

Poliver : de "paollev", godille. L'action de manœuvrer une embarcation avec la godille, l'aviron placé à l'arrière qui prend appui dans une engoujure découpée dans le tableau et que l'on nomme "toullétern" (voir infra).

Porter (laisser porter) : arriver, abattre, c'est-à-dire écarter le navire du lit du vent, le rapprocher de l'allure du vent arrière.

Port-Rhu : de "ruz", rouge. Le port rouge. Il s'agit de l'ancien port de cabotage de Douarnenez où était débarquée, autrefois, la fameuse rogue de morue de Bergen en Norvège. Longtemps connue sous le nom de "rivière de Pouldavid", cette ria est dénommée à partir du XIXe siècle Porzh Rhu ("Port-Rhu"), c'est-à-dire "Port rouge" en français, probablement à cause de la couleur de l'eau (due aux rejets de sang provenant de l'abattoir, qui a fonctionné là jusqu'en 1974). Mais cette étymologie est contestée, certains voulant voir dans ce nom les traces d'un massacre imputé au célèbre et sanguinaire brigand Guy Éder de La Fontenelle, le seigneur de l'île Tristan toute proche. D'aucuns pensent à Porzh ru ("Port du ruisseau" en français), ou encore à la couleur ocre du ruissellement des eaux de tannage depuis la place de l'Enfer. Et d'autres explications sont encore possibles...

Porzik - Porz malaouenn : de "porzh", havre, rade, port. Avec le diminutif, le petit port. Le fond du port de Tréboul avant son comblement lors de la construction du port de plaisance et la création d'un vaste parking, l'actuelle place des Quatre-Frères-Kérivel. Le port du Rosmeur avait également son Porzik, dénommé encore Porz Malaouenn, la petite grève en contrebas de l'Abri du marin comblée lors de la construction du port neuf. L'endroit devait être propice à la pêche du lieu jaune qui se dit "malaouenn" en breton.

Porz laouen : de "laouen", joyeux. Le port joyeux ! En fait, la grève de sable rêche comblée après-guerre pour les besoins de construction du nouveau port, située entre celle du Porzik et la plage de Pors Cad. D'aucuns avancent une autre explication qui pourrait venir de "laouenn", pou en breton. En effet, l'endroit ne brillait pas, semble-t-il, pour son hygiène publique et sa propreté à une certaine époque. Il était encore occupé récemment par les grandes cuves de mazout de la société Sobad Marine, devenue YsBlue aujourd'hui.

Poste d'équipage : logement de l'équipage à bord du navire. Poste avant, poste arrière.

Pou fleur : de "pod", pot. Pot de fleur. Se dit d'un bateau qui navigue toujours, en dépit de son âge avancé et de sa vétusté, qui tient par habitude. "Pod-houarn" ou "chidhouarn", la marmite, le chaudron.

Poull : trou, fosse, flaque d'eau. En langage de pêcheurs, endroit où l'on trouve du poisson. Ces lieux étaient toujours entourés d'un certain secret.

Poullig an n'ode : de "poullig", petit trou, "an", du, "aod", côte, rive, rivage, berge. L'endroit du Port-Rhu situé sur la rive gauche, avant "Porz an Eostig" (le port du rossignol) et le grand pont. Les bateaux, usés par les années en mer, venaient y terminer leur carrière.

Poupe : arrière du navire.

Préceintes : ensemble de bordages plus épais que les autres formant une ceinture de protection autour de la coque d'un navire.

Près : allure sous laquelle la marche du navire se rapproche le plus possible du lit du vent.

Raban : tresse ou sangle servant à serrer une voile sur une vergue, un gui, etc.

Racage : collier qui lie une vergue à un mât, lui permettant de glisser en réduisant le frottement.

Radiogoniométrie : en navigation, la radiogoniométrie d'un émetteur fixe et connu (un radiophare ou une radiobalise) permet de déterminer un lieu de position pour le récepteur et par conséquent une position en relevant au moins deux émetteurs. Elle peut également être utilisée (avec un seul émetteur) pour rejoindre un port équipé d'un radiophare. La station radiophare de Plonéis participait au système Consol né du projet Elektra mené en Allemagne à la fin des années 30. Le système constituait une amélioration notable des radiophares en dispensant l'utilisateur de procéder à une mesure radiogoniométrique pour connaître le relèvement du radiophare. Qui se souvient encore du système de radiolocalisation Consol ? Et pourquoi avoir retenu le nom d’une bien modeste bourgade, "Plonéis", plutôt que celui d’une autre des stations européennes ? Sans doute parce que "Plonéis" a une douce sonorité qui tranche avec celle habituellement plus rude de la toponymie des établissements de signalisation maritime des côtes bretonnes - tel "Créac’h" pour s’en tenir à un seul exemple, mais bien connu. Ce système ingénieux a été très utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment par les sous-marins allemands basés sur le littoral atlantique français à Brest, Lorient, Saint-Nazaire, La Pallice et Bordeaux, qui pouvaient en capter les signaux en immersion périscopique.

Raguer : user par frottement.

Raidir : tendre, embraquer un cordage ou une manœuvre.

Ralingue : bordure d'une voile, faite d'un cordage cousu le long de la voile.

Ravin (de la mort) : un fameux endroit pour la pêche aux palangres, découvert en 1929, entre les bancs "Jules Ferry" et celui de "La Chapelle", à une soixantaine de milles dans le suroît de l'île de Sein. Le patron douarneniste Henri Doaré, dit "Méchan-Bihen", est connu pour être l'inventeur de ces lieux de pêche au gros poisson. Au fil du temps, l'expression "partir au Ravin", tout court, deviendra synonyme d'embarquer pour la pêche aux palangres. Tout l'art du métier consistait à poser les engins à l'accore du plateau continental, sous peine de les voir disparaîre à jamais dans les abysses du fameux "Ravin de la mort". La forte chaloupe pontée à deux mâts "Méchan-Charlic", DZ 3098, du patron Francis Doaré, sera perdue "corps et biens", le 14 janvier 1939, dans les parages du célèbre "Ravin".

Refuser : se dit du vent lorsqu'il tourne dans une direction défavorable à la progression du navire (contraire : adonner).

Remonter (au vent, dans le vent) : naviguer au près, louvoyer.

Riper : glisser, déraper. Se dit de deux pièces du gréement qui, soumises à un effort, glissent ou frottent l'une contre l'autre. Également : déplacement de la cargaison.

Ris : bandes horizontales dans les voiles, que l'on replie et noue au moyen de garcettes pour réduire la surface de la toile quand le vent est trop fort. Une voile est au bas ris quand on y a pris tous les ris, de façon à n'exposer au vent que la plus petite surface possible.

Risée : brise subite et passagère.

Rocambeau : anneau de fer portant un croc et qui court le long d'un espar. On y croche le point de drisse ou d'amure d'une vergue ou d'une voile.

Ronvoile : de "avanell" ou "avreled", haveneau, voire havaneau (prononcé à la façon douarneniste !). Un grand haveneau est indispensable à bord des pinasses sardinières. Il sert à atrapper le poisson qui se présente en banc serré, ou à délester le filet quand il est chargé à bloc. Plus imposante encore, la salabarde utilisée à bord des bolincheurs et des senneurs pour transférer les prises de sardine ou de thon de la senne à bord du bateau. Cette immense épuisette est alors manœuvrée à l'aide d'un treuil.

Rouéjou : de "roued", filet de pêche. Au pluriel, "rouedoù". Les "rouéjou des inetanvèzes" : les fameux filets des veuves.

Ru gan n'el : de "ruz gant an avel", rouge avec le vent. Se dit de la mer quand souffle la tempête, la furie.

Safran : surface orientable du gouvernail, dont le mouvement imprime la direction au navire.

Saisir : amarrer, fixer.

Sak a benn : de "sankañ", enfoncer, et "penn", tête. Un bateau met "sak a benn" quand il affronte la grosse mer de face, bout à la lame.

Sako : La spécialité de fusilier-marin dans la Marine Nationale. Dans le civil : le meilleur, le champion, notamment dans les différents métiers de la pêche.

Sao da bouetti ! : "Debout pour bouetter !". À bord du palangrier, l'ordre du patron à ses hommes pour leur indiquer que le moment est venu de bouetter les hameçons sur les cordes.

Serrer (une voile) : plier et rabanter une voile sur une vergue, une bôme, un mât. Serrer le vent : gouverner le plus près possible du lit du vent.

Sisal : fibre extraite des feuilles de l'agave sisalana, servant à la fabrication de cordages. Plus connu que le pite.

Skothil : Ar skothil, partie centrale de la chaloupe.

Skuber : de "skubañ", balayer. Procéder au grattage et au nettoyage de la partie immergée de la coque du bateau (les "œuvres vives"), avant de faire l'enduit (cf. supra : enduit, faire l'enduit).

Sloop (ou sloup) : voilier à un mât gréé en voile aurique, à un seul foc. Il peut posséder une voile à corne avec ou sans flèche ou un hunier. Les sloops étaient, tout comme les cotres, des bateaux maniables et rapides, utilisés notamment pour la pêche à la langouste (sloop langoustier). Les deux termes étaient d'ailleurs synonymes autrefois. Pour les bateaux traditionnels, la distinction se fait plutôt sur la présence d'une voile de flèche (on parle alors de cotre) ou sans flèche (on parle alors de sloop ou sloup, souvent orthographié à la française).

Sorner : glacer. De "skorn", glace. Le "pod ar zorne" (le garçon de la glace !), l'homme chargé de manutentionner les paillettes de glace jusqu'au bateau, à l'aide d'un chariot élévateur dont Fenwick était le leader en France.

Soubler : de "soublañ", pencher, courber, fléchir. Un bateau est soublé quand il a son plein chargement de poisson et qu'il s'enfonce dans l'eau sous la ligne de flottaison.

Sous-barbe : cordages métalliques ou chaînes qui maintiennent le beaupré en place et résistent à la traction que les étais de misaine exercent vers le haut.

Spinek : de "spineg", chien de mer, saumonette, aiguillat. Il arrive que l'on compare les gens à des poissons, selon leur forme, leur poids, leur silhouette : gras comme un thon, maigre comme un spinek !

Sterte : Amarre le bateau sterte, ne pas laisser de mou. De start, serré.

Stoupe - Stouper : de "stoub", étoupe, et "stoubañ", colmater. Partie la plus grossière de la filasse de chanvre ou de lin dont se servent les charpentiers de navire pour calfater la coque ou le pont d'un bateau, avant de les recouvrir de brai, de goudron, de poix ou de mastic pour les rendre parfaitement étanches. Voir supra le verbe calfater.

Stranauré : de "stronoc'het", barbouillé. Nauséeux, incommodé par un mets ou un repas mal digéré, voire par un léger mal de mer à bord d'un bateau.

Stronk : appât pour la pêche au maquereau au mouillage. Mélange pâteux de farine d'arachide (bleud) et de maquereau passé au moulin, salé de la veille au début puis frais pêché. Cet appât lancé avant le lever du jour forme un nuage dans l'eau et descend jusqu'au poisson qui passe la nuit sur le fond, le fait remonter jusqu'à l'arrière du bateau où il est à vue et est pris à la petite ligne fine à un hameçon. Le dosage de farine règle la densité du stronk et permet de faire varier l'inclinaison du nuage d'appât. Trop en surface, les aiguillettes arrivent. Trop verticale les poissons ne sont plus vus (JCB).

Stroppe - Stroppède : de "strobad", liasse, paquet, tas, et "strobañ", enfiler, ligoter, relier. Un stroppe, une stroppède de merlans : un bon paquet, un joli tas.

Subrécargue : agent de l'armateur, qui accompagne le navire pour veiller aux opérations commerciales et à la gestion de la cargaison.

Taillevent (ou taille-vent) : sur une chaloupe sardinière, le mât de taillevent est situé en arrière du mât de misaine. Il porte le taiilevent, ou voile de taillevent. Il est, en principe, plus haut que le mât de misaine, même si parfois les hauteurs peuvent être presque équivalentes.

Tangon : poutre ou perche mobile établie horizontalement au niveau du pont et perpendiculairement à la coque, pour amarrer un canot (notamment les annexes de Mauritanie lors de la pêche à la langouste verte), pour fixer les lignes au cours de la pêche au thon, etc.

Tanpode : raccourci bretonnisé du français étambot, la partie du navire qui continue la quille à l'arrière et qui supporte le gouvernail.

Tapecul (ou tape-cul) : petite voile située à l’extrémité arrière d’une embarcation, établie sur le mât du même nom. Le tapecul a d'abord une fonction d'équilibrage de la poussée vélique (propulsion par le vent) et d'aide à la manœuvrabilité.

Taquet : pièce de bois dur ou de métal, munie de deux cornes et fixées en divers points du navire pour y tourner des cordages.

Tarod : Pente abrupte ou falaise qui descend jusqu'au rivage. Expression douarneniste.

Tarze : de "tarzh", éclatement, déferlement des vagues. À bord de leurs annexes, les pêcheurs de langouste verte en Mauritanie jetaient leurs filets dans le tarze, près de la côte. Et ce n'était pas sans danger, car un certain nombre d'entre eux y laissèrent la vie. Plusieurs stèles au Cap Blanc évoquent leur souvenir...

Ten kuit ! : de tennañ kuit, extraire. Au treuil à palangres, le cri d'alerte de l'homme de hale qui retire la corde du treuil, pour permettre à son collègue de bazh-krog d'agripper un gros poisson et le ramener à bord. L'expression revient comme un leitmotiv dans l'ouvrage de Henri Queffélec, "Un royaume sous la mer" (prix du roman de l'Académie française en 1958), un livre conçu par le grand écrivain maritime lors d'une marée aux palangres en mer Celtique, à bord du malamok "Nicole Jeanine", DZ 3788. Voir supra, l'expression "enlever parti".

Tire-veille : deux filins attachés aux deux extrémités d'une traverse capelée sur la tête du gouvernail d'une embarcation, pour gouverner sans barre.

Tolver : de "tolpañ, agglomérer, rassembler. On tolvait les filets, en formant des petits tas sur le quai, avant de les embarquer à bord des bateaux, notamment lors des préparatifs de la campagne de pêche au maquereau de dérive (le "maquereau drive" comme on disait à Douarnenez). A Tréboul, on utilisait plutôt le terme rinker, de "renkañ", ranger.

Toron : plusieurs fils de caret forment un toron. Trois torons commis ensemble forment un cordage.

Touée : longueur de la chaîne filée en mouillant une ancre.

Touer : déhaler.

Toull bonte : An toull bonte, le trou ou le bouchon qui obture l'orifice au fond du canot.

Toullétern : An toullétern, toull éterne, le trou à l'arrière du canot, où repose l'aviron. Voir supra le terme "poliver".

Trasquer : de "draskal", craquer. Le mât craque quand le vent prend dans la voile.

Travers : le côté du navire. Par le travers : dans une direction perpendiculaire à l'axe longitudinal du navire. Vent de travers : vent soufflant perpendiculairement à la route suivie.

Treizour : de "treizher", "treizhour", passeur. C'est le treizour qui, à bord de son canot à godille, faisait la navette entre le quai et les bateaux au mouillage dans le port et permettait ainsi aux marins de monter à bord de leurs bateaux, ou, à l'inverse, de se rendre à terre. C'était lui aussi qui, à marée haute, faisait traverser le Port-Rhu de Douarnenez à Tréboul d'une rive à l'autre. L'un des plus illustres passeurs du port du Rosmeur, et le dernier en date, Luis Blanco Martinez dit "Luis de Poliño", un réfugié espagnol originaire du village de pêcheurs de Malpica près de La Corogne en Espagne, était reconnaissable entre tous. Petit, le visage tanné, le mégot souvent au coin des lèvres, portant le béret basque et des lunettes noires vissées immanquablement sur le nez, il avait une baraque en bois sur le quai du petit port, non loin de la cale raie, et se tenait, en toutes circonstances, à la disposition des équipages des bateaux mouillés "au fèze". Luis était un brave homme, bien apprécié de tous, qui ne sut jamais parler véritablement le français et qui retourna s'éteindre au pays au tout début du mois de septembre 1971.

Tresse : sorte de cordage formé de fil de caret ou de bitord, en combinaison variable de trois à neuf fils.

Treust : An treust, la poutre, grand bau, banc du milieu de la chaloupe.

Tribord : côté droit du navire, en regardant vers l'avant.

Trinquette : foc le plus rapproché du mât, souvent hissé sur l'étai en guise de draille.

Trois-mâts : navire à trois-mâts - mât de misaine, grand-mât et artimon.Trois-mâts carré, ou franc : avec voiles carrées à tous les mâts. Trois-mâts barque : seulement deux mâts carrés (mât de misaine et grand-mât). Trois-mâts goélette : seul le mât de misaine est carré.

Trorrarlande : de "trocʼhañ", couper, et "lann", lande. Le coupeur de lande. Au fil du temps, le terme a pris un sens péjoratif. Le "trorrarlande" : le paysan, le marin, l'ouvrier mal dégrossi, tout juste bon à effectuer des travaux qui n'exigent pas le plus grand de soin. Le "mad da nétra", le bon à rien, ou tout comme...

Trou dans l'eau : on dit d'un marin qu'il a fait son trou dans l'eau lorsqu'il s'est noyé.

Vaigrage : bordages qui recouvrent le côté intérieur des membrures.

Var an n'ode : de "war an aod", sur la côte, le rivage, le bord, la grève, le quartier du port. Descendre "var an n'ode" : aller sur le port. Comme le dit la célèbre chanson du folkore local : "Deuz tan bugalé, deuz tan var an n’ode, a n’ign a n’o plujadur, plujadur, plujadur…" (Traduction : "Venez les enfants, venez sur le port, et vous aurez du plaisir, du plaisir, du plaisir…").

Venir (au vent) : lofer.

Vent : "au vent" ; côté d'où vient le vent. "Sous le vent" ; opposé à celui d'où vient le vent.

Vergue : espar placé en croix sur l'avant du mât. On désigne chaque vergue par le nom de la voile qui y est enverguée.

Virer : embraquer un cordage, une amarre ou une chaîne par enroulement sur un treuil ou un guindeau. Virer l'ancre : virer sur la chaîne pour rentrer l'ancre quand on appareille. Virer à pic : virer suffisamment de chaîne à bord pour que l'étrave vienne se placer au-dessus de l'ancre.

Virer de bord : modifier la direction du navire de telle sorte que les voiles reçoivent le vent du bord opposé (changer d'amures). Cette manœuvre s'effectue soit en passant par la position vent debout, et c'est le virement de bord vent devant ; soit en passant par la position vent arrière, et c'est le virement de bord vent arrière, ou lof pour lof.

Visponte : terme de marine, dérivant de "gwispon", guipon, vadrouille, faubert. Balai fait de morceaux de chiffons fixés à un manche, destiné à étendre le goudron sur les carènes ou à laver un plancher. CF supra, le terme "faubert".