LlHJ : 19.19 - 6.98 - 3.17 - 68.44
Notes de Maryvonne Gilles :
Le Philantrope, dundée à vivier construit à Douarnenez en 1910, immatriculé Dz1661, armé pour la pêche hauturière. Ce dundée a appartenu à Pierre Pernès. En 1913, 1914, 1915 il appartenait à Joseph Hascoet, inscrit à Douarnenez n° 2508. Parmi l’équipage, du 11 juillet au 26 août 1914, François Dophart, matelot, inscrit à Douarnenez depuis 1905, n° 10786. (Source: Rôle d’équipage, cote 8 P7/514, désarmé à Dz le 14 juillet 1915, folio n° 569).
François Dophart a participé à tous les départs du Philanthrope pour la Mauritanie, depuis le premier départ, début avril 1910 (armement en date du 29 mars 1910) jusqu’en 1914. Ses états de service donnent: 29 mars 1910 au 15 septembre 1911; 20 décembre 1911 au 30 octobre 1912; 28 janvier 1913 au 26 août 1914.
Le rôle d’armement du Philanthrope (ci-dessous), en date du 11 juillet 1914, montre l’impact de la déclaration de guerre et de la mobilisation: les membres d’équipage sont débarqués le 4 août, rembarqué le 21 août et débarqués définitivement le 26 août. Joseph Hascoet est mobilisé. François Dophart est pour le moment réserviste.
Pierre Pernès est resté patron sur le Philanthrope jusqu’au 3 juin 1913. “Le 23 juillet 1913, [il] embarque comme patron sur le dundee langoustier Général Lyautey... qu’il a fait construire aux Sables-d’Olonne.” (Témoignage de son petit-fils, Pierre Grégoire, “Parcours de Mauritanien, Pierre Pernès”, p. 43, Mémoires de la Ville n°° 32, 1999, Douarnenez).
Patrons :
Equipage : 8 hommes.
Le bateau, conçu pour le thon, disposait d'un vivier. En avril 1910, pêche la langouste verte dans la baie du Lévrier, en Mauritanie. Il remplit son vivier et fait sa campagne en 44 jours. La part de chaque matelot fut de 900 francs net. (Douarnenez de ma jeunesse, René Pichavant, :28).
"Je soussigné Joseph Hascoet, demeurant rue de l'Espérance (Antoine Cariou), avoir vendu sur 24 parts constituant l'achat du navire dundée Philanthrope n° 1661, jaugeant 68,44 tonneaux, attaché au port de Douarnenez, soit, pour Pernes Pierre 12 parts et Guénadou Guillaume 6 parts. Fait à Douarnenez, le 22 août 1919" (info : Marcel Kernaléguen, 3Q5401).
Péri en mer :
Michel Gonidec 28 ans, noyé en Mauritanie le10/12/1922, suite au chavirage d'une annexe.
Transactions :
Le 13 août 1923, François Pernes vend à Guillaume Le Cossec le dundée Philanthrope de 68,40 tonneaux, pour la somme de 10.000 francs (3Q5404).
Le 30 juin 1924, Guillaume Le Cossec vend à Mathieu Guillou le dundée Philanthrope de 68,40 tonneaux, pour la somme de 20.000 francs (3Q5405).
Le 15 juin 1925, Mathieu Guillou vend à Jean Péron, de Riec sur Belon, le dundée Philanthrope de 68,40 tonneaux, pour la somme de 50.000 francs (3Q5406).
Le 16 mai 1927, Jean Péron vend à François Pernes le dundée Philanthrope de 68,40 tonneaux, pour la somme de 30.000 francs (3Q5407).
(info Marcel Kernaléguen, 3Q5404)
Un peu de littérature :
« Les eaux mauritaniennes sont peuplées, à très faible distance du littoral, de langoustes d'une espèce particulière, à grosse tête et de couleur verte, les langoustes royales – Palinurus regius. On les avait considérées comme une rareté zoologique, jusqu'au jour où le docteur Gruvel et notre consul aux Canaries, M. Sabin-Berthelot, en eurent signalé l'abondance. Cette abondance ne pouvait non plus échapper aux pêcheurs de courbines, qui en avaient le témoignage quotidien au fond de leur chalut. La couleur verte des carapaces inquiétait bien un peu. Mais comme la cuisson elle devenait d'un rouge aussi éclatant que celle des langoustes ordinaires, que d'ailleurs la chair de ces africaines n'était pas moins savoureuse, on décida de les pêcher pour elles-mêmes, ce qui nécessitait un nouvel armement.
Le premier bateau qui tenta l'aventure, et qui s'appelait l'Aventurier, fut un dundee d'Audierne. Ses armateurs, modestes habitants du port et de Pont-Croix, avaient mis à son bord tout leur espoir. L'un d'eux avait été jusqu'à vendre sa maison familiale pour la convertir en actions. Ils avaient fait construire leur dundee à Camaret, dans l'un des meilleurs chantiers du Finistère, et, muni abondamment de tout, agrès, engins et vivres, peint à triple couche de belle couleur blanche, ils l'avaient confié à un vrai capitaine, un long-courrier nommé Lojou. Mais Lojou était un navigateur, pas un pêcheur. On soupçonna l'équipage, qu'on payait au mois, de se donner du bon temps sans mesure, à bord comme aux escales. La destinée de l'Aventurier fut courte. Au bout du deuxième voyage – c'était en janvier 1910 – il alla s'échouer à la côte de Mogador ; on ne put le renflouer : il fallut le vendre sur place.
Le second partant fut le Philanthrope, de Douarnenez, patron Pernès. Ce Pernès, un grand blond, très fort, ventru, joufflu, avec de petits yeux bleus qui clignotent dans une bonne face rouge, est un rude marin, débrouillard entre tous. Jadis sardinier, il avait fait son apprentissage de langoustier à bord d'un petit côtre, acheté de rencontre, autour de Sein et des Sorlingues. Son Philanthrope avait été construit pour la pêche du thon. Il lui fit adapter un vivier, et appareilla pour l'Afrique. Ce premier voyage ne lui rapporta guère. Il pêchait au casier, comme il avait appris à le faire, et les casiers ne tenaient pas sur ces fonds de deux ou trois brasses à peine, roulés par les vagues qui rompaient les orins. Instruit par ce mécompte, il revint avec des filets. Un Concarnois de ma connaissance, qui était alors gardien de phare au Cap Blanc, m'a conté qu'il lui en vit faire l'essai. Essai d'abord infructueux. Ce n'était pas de chance. « Mon pauvre Sauban, dit Pernès à son compatriote, il n'y a rien à pêcher ici ». Sauban était convaincu du contraire, ayant coutume de charmer sa solitude dans ce pays sans habitants, sans troupeau que des bandes sauvages de gazelles, sans végétation que des poteaux téléphoniques et télégraphiques, en pêchant à force, soit du bord à la ligne, soit en plate, à la foëne, en dedans du cap. Il donna à Pernès un bon conseil : « Mettez donc plus de plomb à vos filets ». Pernès s'en fut à Port-Etienne demander du plomb au lieutenant du poste, qui lui en remit une cinquantaine de kilos. C'était des déchets de tuyaux provenant d'appareils distillatoires. Martelés par des mains expertes, ils garnirent aussitôt les cordes basses. Le lendemain, plus de quinze cents langoustes se prenaient aux filets du Philanthrope. »
Suite de la citation : https://www.bagoucozdz.fr/fr/bateaux/sainte-anne-dz1697
(Extrait de PÊCHEURS BRETONS, de Auguste Dupouy, transmis par Jacques Join.)
Désarmé en 1929
Note trouvée dans les archives de Christian Petipas :