Armement SOGADO
Note de Jean-Pierre Le Gall :
Jauge Brute : 154.67 tx
Maître bau : 6.70 m
Tirant d'eau : 3.65 m
Moteur : Sulzer 600 CV
"CHENONCEAUX" (DZ184977)
Le 17 mars 1966, le chalut du Chenonceau captura un sous-marin russe...
Angèle KNEALE – Marins-pêcheurs en mer d’Irlande – Éditions Ouest-France, 13, rue du Breuil, Rennes – 1996.
Transmis par Jacques Join.
« Cinq ans après l’incident du Gaspar, j’eus un autre contact avec le canot de sauvetage de Portavogie. Un appel de Portpatrick Radio nous réveilla à 3 h 30 du matin le lundi 8 janvier 1968, avec un bateau en détresse, le Chenonceaux, 155 tonnes, de Douarnenez. Il était échoué à la côte près de Ballyhalbert, Irlande du Nord,, en position 54° 30’ nord, 05° 24’ ouest. D’après le patron Jean Le Bihan, le bateau talonnait fort et il craignait le désastre. Le canot de Portavogie fut lancé.
Il y avait une furie de temps en mer d’Irlande, nous-mêmes étions sans courant électrique à cause de la tempête et, entre les appels, j’ai allumé les lampes à pétrole, que nous gardions toujours prêtes par précaution, et fouillé la maison pour les dernières bougies de Noël. J’ai profité d’une pause entre les communications pour fixer des bouillottes contre les parois de notre aquarium de poissons des tropiques, pour les protéger du froid. Mon mari me rejoignit et nous prépara du café. Par prudence, nous avons toujours eu des réchauds à gaz. Il me mit une couverture sur les épaules, et, ensemble, nous avons attendu le déroulement de l’affaire. Le patron du canot nous appela : cela n’allait pas être de la tarte ! Il essaya plusieurs approches et lança des bouts de plusieurs angles mais, à chaque coup, la force du vent l’écartait du chalutier échoué. Chaque manœuvre m’était expliquée et je la relayais au patron français, qui tout à coup hurla :
- Madame Angèle, le canot nous quitte ! Dites-leur de ne pas nous abandonner, demandez- leur de faire un dernier essai, je suis sûr qu’ils arriveront à nous dégager.
- Bon, je vais les appeler. Allô ! Le canot de Portavogie, vous me recevez ?
- Oui, allez-y, c’est le radio ici.
- Le patron français me dit que vous avez l’air de vouloir quitter les lieux et vous demande de faire encore un essai, s’il vous plaît.
- C’est impossible, la marée commence à descendre et nous risquerions d’échouer à notre tour. A vous.
- La marée a tourné ? Ça, c’est le bouquet ! Enfin, personne n’y peut rien. Attendez un moment, s’il vous plaît... mon mari essaie de me dire quelque chose... j’ai deux oreilles mais un seul cerveau... minute...
Philippe consultait la table des marées et me dit :
- Ils ont encore une heure, regarde...
En effet, il avait raison. Je repris le téléphone :
- Allô ! Le canot de Portavogie, vous êtes à l’écoute ?
- Oui, on vous reçoit faiblement, mais c’est clair. Allez-y.
- Votre patron doit faire erreur, vous avez encore une heure avant la haute mer. Demandez- lui de vérifier, s’il vous plaît.
Le résultat fut que, grâce à la présence d’esprit de mon mari, le patron du canot réalisa son erreur, et le Chenonceaux fut dégagé des rochers.
C’était une drôle de tempête : un cargo perdit deux containers de 6 m x 2,40 m x 2,40 m ainsi que six barils d’huile, 22 milles à l’ouest du phare de Chicken au sud de l’île de Man, puis encore quatre-vingts barils d’huile explosive extrêmement inflammable. Des avis de sécurité de ne pas essayer de les ouvrir furent transmis à toute la navigation entre l’île de Man et l’Irlande, en anglais par les stations de radio, et par moi en français.
Quant à nous, vers 5 h 30, nous sommes retournés nous coucher, très contents pour le Chenonceaux, son équipage et son armement que l’opération de sauvetage se soit bien terminée »